Bertrand Marcuzzi est Conseiller Principal d’Education au Collège Trois-Fontaines de Reims. Il aime ce métier de concertation et de dialogue entre les élèves, les enseignants et les parents. Le CPE est la clé de voûte de la vie scolaire, et c’est une responsabilité qu’il est fier d’assumer. C’est donc avec beaucoup de réticence qu’il vient de déposer plainte contre le père d’un élève pour des violences et des menaces*. Il n’avait pas supporté qu’on envisage l’exclusion de son fils pour trois jours après le vol d’une enceinte portable appartenant à une enseignante. Vendredi il a escaladé les grilles du collège en hurlant « Marcuzzi t’es mort ». Il s’était armé d’une clé à molette. Il y avait un conseil de classe au même moment. Tout le monde s’est barricadé, volets baissés, et il a fallu l’intervention de la police pour que le CPE soit évacué sous escorte en toute sécurité. « Mais je n’étais pas tranquille en rentrant chez moi, commente Bertrand Marcuzzi encore sous le choc. Cette famille habite en face du collège. J’en ai vu en 6 ans, des tags, des menaces, mais c’est la première fois que j’ai eu peur d’être agressé physiquement. » Les enseignants soutiennent leur CPE (sur la photo de gauche à droite : Sophie Lombard , Laetitia Clicquot et aussi l’infirmière de l’établissement, Sylvie Ahr). Ce lundi matin ils exerceront leur droit de retrait, ils ne feront pas cours. Le Collège Trois-Fontaines, en Réseau d’Education Prioritaire, est régulièrement confronté à des situations difficiles. Un élève doit passer ce soir en conseil de discipline sous la surveillance de l’EMS, une équipe mobile de sécurité dont les académies se sont dotées pour assurer une présence dissuasive en cas de tension. Ici le mot est faible puisqu’il s’agit de sanctionner un règlement de compte entre élèves et familles à coup de marteau et de tesson de bouteille. La hiérarchie a été alertée à trois reprises déjà à propos d’évènements particulièrement préoccupants. Le collège accueille 430 élèves dont un cinquième est issu de milieux difficiles, en particulier des gens du voyage sédentarisés dans des logements proches de l’établissement. Cette sédentarisation les prive du coup de l’accompagnement éducatif de la Ligue de l’Enseignement dont les gens du voyage bénéficient habituellement. Et c’est ce que déplore Bertrand Marcuzzi, désabusé. « Il faudrait des moyens supplémentaires pour créer un contact avec les familles, prendre du temps pour leur parler. Je bénéficie du renfort d’un mi temps mais ça ne suffit pas. Il faudrait un plein temps. » Les enseignants qui soutiennent le CPE ne veulent plus en rester là. « Ce qui s’est passé est très grave, on a eu très peur. Ce n’est pas la première fois, et rIen ne bouge ! «
*Le père d’élève a été convoqué devant le Tribunal Correctionnel le 4 Novembre prochain
