Claude Giraud, incarne la 12ème génération de la maison familiale Henry Giraud. L’authenticité guide les pas du vigneron d’Aÿ-Champagne autant que le savoir-faire de ceux qui l’ont précédé. C’est ainsi que la pratique des anciens champenois qui allaient chercher leur fûts en forêt d’ Argonne est à l’origine d’un partenariat unique entre sa maison et l’ONF : la plantation en 10 ans de 45 000 chênes qui contribue à préserver cette forêt. Elle permet aussi l’élaboration de cuvées rares et mondialement appréciées.
Dans les années 50 il y avait encore 150 tonneliers en forêt d’Argonne. Jusqu’à ce que les cuves en inox ou en acier émaillé remplacent les fûts, quand la production du champagne a pris un tour industriel. Pour Claude Giraud, c’est une rencontre avec Camille Gauthier qui lui a permis, 40 ans plus tard, de penser le champagne autrement. Camille Gauthier était le pape de la merranderie française, c’est à dire la production des lattes ou merrands utilisés pour la fabrication des tonneaux. Pour avoir longtemps suivi son père bûcheron en forêt, cet artisan hors pair savait que les chênes n’ont pas tous le même goût. Car il lui arrivait d’en mâcher les copeaux pour tromper ses fringales d’enfant.
LA SIGNATURE DES PARCELLES
Une forêt a ses terroirs comme les vignes de Claude Giraud ont les leurs. Cette découverte de la signature des parcelles d’une forêt a marqué le début d’une recherche passionnée initiée par Claude Giraud, perpétuée par son gendre Sebastien Le Golvet, aujourd’hui chef de cave de la maison.
Claude Giraud, son mentor, est de ceux qui ont su faire comprendre que le champagne avait sa place parmi les plus grands vins. Il a été le pionnier des cuves thermorégulées en Champagne, mais tous ses vins vieillissent désormais dans les fûts de chêne. Un millier de tonneaux pour produire chaque année 250 000 bouteilles. Avec cette idée d’élever le même vin dans des fûts de terroirs différents pour accéder à l’excellence, grâce à la Fôret d’Argonne
UN TRAVAIL UNIQUE AU MONDE
« Le terroir d’Aÿ crayeux et minéral, dit le chef de cave, se pose sur les gencives avec un côté frais et anisé. La forêt domaniale de Chatrices donne des vins très vifs de sensation acidulée, la Contrôlerie fait exploser les pinots noirs, les Hauts-Bâtis donnent de l’ampleur au vin quand Lachalade lui apporte des notes de sous bois.”
« Les forestiers de l’ONF sont venus déguster nos vins, ici à Aÿ, et ils ont vite compris ce que nous cherchons ». Les arbres sont choisis et cueillis comme on choisit les raisins. Le bois vieillit trois ans en merranderie et les fûts sont commandés au tonnelier Jérôme Viard à quelques jours de la vendange. « Parce qu’on pressent déjà ce que sera la récolte, de manière à orienter les jus vers les différentes parcelles de la forêt. »
Lire par ailleurs: Un fût de champagne rien que pour vous
Cet assemblage necesssite de se projeter dans le temps pour des vins qui mettront dix ans à vieillir. La démarche veut aussi valoriser la forêt pour mieux la protéger. Sébastien Le Golvet revendique ce “travail unique au monde” et les amateurs arrivent d’ailleurs du monde entier. « On est tout petit, mais notre champagne est mondialement connu comme un vin d’exception. »