UN PROFESSEUR AGRESSÉ PAR UN LYCÉEN À REIMS

Trois jours après l’agression particulièrement violente d’un enseignant par un de ses élèves à la veille du week-end, l’établissement accueillait lundi matin des lycéens, parents d’élèves et enseignants stupéfaits, et toujours sous le choc. L’agresseur ne s’était jamais signalé jusque là et son professeur est “le plus doux, le plus gentil qu’on connaisse” au dire de ses élèves. Il s’est tiré de ce corps à corps sans blessures physiques. Mais le traumatisme est bien là.

L’enseignant rémois a donc pu résister à son agresseur, un élève de première bientôt âgé de 16 ans. Le lycéen a fait intrusion dans la classe, où son professeur se trouvait seul, pour tenter de l’étrangler. Et comme sa victime est parvenue à se dégager il a jeté une table dans sa direction. Rapidement arrêté après sa fuite, le jeune homme a expliqué que le maître avait eu un geste violent à son égard à la fin d’un cours en refermant brutalement une porte sur lui, ce qui surprend tous ceux qui connaissent cet homme calme et expérimenté.Toujours est-il que l’élève est revenu deux heures plus tard pour en découdre. Et cette détermination interpelle d’autant plus qu’elle s’est manifestée alors que le milieu enseignant reste traumatisé par l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty décapité par un terroriste. Le Parquet de Reims indique par ailleurs dans un communiqué que l’auteur de l’agression, de nationalité lettone, est musulman et pratiquant assidu. D’abord silencieux, il a nié tout lien entre son passage à l’acte et sa religion. Il avait d’ailleurs participé sans difficulté à la minute de silence en hommage à Samuel Paty. Devant les enquêteurs il a déploré les attentats comme «des incidents très graves», espérant que «les autorités prennent toute les mesure pour endiguer ce phénomène ».Il s’est par ailleurs excusé de sa réaction disproportionnée au geste que son professeur aurait eu à son égard après un cours où il avait refusé de participer aux exercices. Sa famille, dont les autres enfants sont scolarisés ailleurs, n’a jamais posé aucun problème. Il est mis en examen pour violences volontaires et placé dans un Établissement Public Éducatif (EPE). Le parquet national antiterroriste a été tenu informé de l’ensemble des éléments d’enquête.Le syndicat SNES-FSU, s’exprimant par la voix de son Secrétaire Académique, Christophe Girardin, a salué la réaction rapide et adaptée de l’administration pour l’accompagnement des élèves, du professeur agressé et de toute l’équipe pédagogique, ainsi que la décision de justice qui a été prise en protégeant ce lycéen (bon élève jusqu’à son entrée en première) aussi bien que les enseignants qui l’ont en charge.

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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