Deux infirmières de la médecine du travail de Reims se sont suicidées à 15 jours d’intervalle en Août 2016. La plus jeune d’entre elle était âgée de 46 ans. Elle avait 2 enfants. Cinq mois avant son geste désespéré, elle avait dénoncé son supérieur hiérarchique pour harcèlement sexuel et moral sans qu’il soit inquiété. Ce médecin doit être jugé prochainement pour ces faits. L’affaire audiencée le 4 Mars à Reims, à été reportée de 6 mois
Une autre infirmière s’était donné la mort 15 jours plus tôt dans la même entreprise. L’enquête n’a pas pu établir de lien entre ses conditions de travail et son décès. Les suicides de ces deux salariées modèle ne sont pas intervenus sur leur lieu du travail. Le Conseil d’Administration du Service Médical Interprofessionnel de la Région de Reims ( le SMIRR aujourd’hui rebaptisé Reims Santé au Travail) ne les a donc pas reconnus comme des accidents du travail.
MOBILISATION DE L’INSPECTION DU TRAVAIL
L’inspection du travail a estimé le contraire et elle a porté plainte auprès du procureur de la République. Le premier suicide est intervenu au début du mois d’août 2016, dans un contexte de difficultés personnelles avérées de l’infirmière. Le lien de causalité entre ce premier drame et ses conditions de travail a donc été écarté faute de preuves. L’enquête portant sur le second suicide a été menée avec persévérance puisqu’elle aura duré près de 6 ans. Elle a été ralentie par la personnalité singulière du supérieur hiérarchique de l’infirmière. Avant d’être employé par le SMIRR, il avait exercé comme médecin libéral. Il lui arrivait alors de soigner ses patients…avec de l’eau. Le Conseil de l’Ordre avait d’ailleurs été alerté sur les difficultés relationnelles de ce praticien avec ses malades. Raison pour lesquelles il avait dû se reconvertir dans la médecine du travail.
L’EMPRISE D’UN SUPÉRIEUR
L’infirmière qui s’est suicidée pendant le week-end de l’assomption en Août 2016 s’était plainte de son comportement auprès du Conseil d’administration du SMIRR. Cette femme de 46 ans se disait harcelée moralement et sexuellement par son supérieur hiérarchique. Selon les rares collègues qui ont accepté de témoigner après le drame, aucune mesure n’a été prise pour la protéger de cette emprise, décrite comme une perversion. Le profil psychologique particulier de ce médecin lui a même valu d’être placé sous curatelle. Maître Buzy, son avocat, a pu revendiquer cette pathologie psychiatrique pour contester la validité de son audition en garde à vue. Une expertise a cependant balayé cette objection en confirmant la responsabilité du prévenu dans les faits de harcèlement qui lui valent de comparaître prochainement devant le Tribunal Correctionnel de Reims. Lire par ailleurs
UNE ENQUÊTE EST OUVERTE AUTOUR DU SUICIDE DE DEUX INFIRMIÈRES DE LA MÉDECINE DU TRAVAIL À REIMS
L’audience permettra peut-être de revenir sur l’inertie des Dirigeants du SMIRR, pointée du doigt avec insistance par les rares témoins qui ont accepté de témoigner dans cette affaire. Ils dénonçaient, vigoureusement à l’époque, le mal-être de la plupart des salariés de l’entreprise confrontés à l’indifférence de l’encadrement.
Après une audience de plusieurs heures, en Septembre 2022, Dominique Brodin a été condamné à 6 mois d’emprisonnement avec sursis. Lire le compte rendu d’audience ici : Un médecin harceleur, une direction très défaillante