NAWEL TIENT TÊTE À SA FAMILLE D’ORIGINE MAROCAINE
PARCE QUE L’HOMME QU’ELLE AIME N’EST PAS MUSULMAN.
Elle est arrivée, seule, au Tribunal Correctionnel de Reims par une porte dérobée. Elle en est partie tout aussi discrètement avant la fin de l’audience parce qu’elle ne voulait pas voir son père et sa famille. Ils s’étaient déplacés en force pour soutenir deux des leurs, deux jeunes femmes jugées pour des violences en réunion. En Janvier dernier, elles ont agressé leur cousine Nawel sur un parking de Reims.
UNE GIFLE , TOUT AU PLUS
A en croire les deux prévenues, les violences subies par Nawel* pourraient se résumer à une giffle. Rien à voir avec ce qu’elle décrit : les cheveux tirés, les coups de pied, les hématomes -visibles sur les photos-, et l’incapacité de travail de 10 jours qui a suivi. Rien à voir non plus avec l’opposition d’une famille musulmane qui n’accepterait pas que cette infirmière de 22 ans choisisse de vivre avec un jeune homme de confession chretienne. Les deux cousines de Nawel ont tenté d’en convaincre le Tribunal. En jean hypermoulant, talons hauts, cheveux méchés et maquillage appuyé, on dirait qu’elles on travaillé leur look branché pour mieux pilonner le message : la religion de l’ami de Nawel ne leur pose aucun problème. La gifle est partie ce soir là parce que Nawel était « hystérique » et qu’il fallait la calmer. Et leur avocat insiste : elles étaient là pour la convaincre de revenir à la maison parce que son père souffrait de son départ juste aprés les fêtes de fin d’année. Nawel a laissé un message à ses parents en s’excusant de leur faire du mal, leur demandant de ne pas chercher à la retrouver. Elle a même demandé à la gendarmerie de ne pas donner son adresse. Mais le père s’est inquiété insiste Maître Diop. Le terrorisme ambiant faisait craindre le pire, jusqu’à l’emprise d’un gourou, d’un fanatique religieux.
NAWEL DANS UNE CARAPACE
Pourtant ses parents savaient qu’elle vivait à Reims avec son ami. L’avocat de Nawel l’a rappellé. Un cousin s’est fait passer pour un fonctionnaire des impôts auprès de la mère du jeune homme pour obtenir son adresse. Dès le 5 Janvier la famille est arrivée sur place, ils étaient une vingtaine, une patrouille de police s’est déplacée, Nawel a assuré qu’elle n’était pas sequestrée. Et cerise sur le gâteau, ajoute maitre Miravete, son père a vidé son compte en banque, il lui a pris son véhicule, son ami a été insulté, menacé au téléphone sur son lieu de travail, sa voiture a été dégradée. Il n’a pas voulu porter plainte pour ne pas envenimer la situation. Voila pourquoi Nawel est seule sur le bancs des victimes. Elle écoute sans broncher. Elle regarde droit devant elle pour ne voir personne. Elle s’oppose fermement, quand le president l’interroge, à la version de ses cousines. Elle est dans une carapace, rien ne bouge, ni un cil, ni aucun de ses cheveux tirés en queue de cheval. Elle entend le réquisitoire avant de s’éclipser sur la pointe des pieds, comme elle est venue. Trois mois avec sursis pour les deux prévenues. Les faits jugés aujourdhui se limitent à des violences en réunion, mais l’amour dans un état républicain doit être protegé dit le procureur. Le jugement sera prononcé le 17 Novembre. Peut être saura-t-il dissuader les prévenues de recommencer si elles rencontrent le couple en ville ? C’est le but de ce combat. Nawel mène aujourd’hui une vie clandestine en région parisienne. Mais ce qu’elle veut, c’est pouvoir vivre librement et ouvertement à Reims, avec celui qu’elle aime. *Le prénom a été modifié