RÉSIDENCE D’ARTISTE EN CALIFORNIE POUR CAROLINE BRUN. SES TABLEAUX VONT Y RACONTER LE CHAMPAGNE AUX AMATEURS DE VIN ET D’ART

Elle sait parler du champagne comme personne. C’est son métier parce que le champagne est sa vie. L’ambassadrice professionnelle se double d’une artiste depuis que l’envie lui a pris de restituer les cuvées qui l’enchantent sur des toiles. Caroline Brun est aujourd’hui accueillie en résidence d’artiste à San Diego. Ses master classes de “dégustation visuelle” affichent complet.

Pour qui n’en connaît pas l’origine, l’aventure pourrait passer pour un conte de fée. Ce serait oublier que tout a commencé par une épreuve douloureuse. Un divorce difficile, assez banal en somme, lui fait aussi comprendre qu’elle ne pourra jamais exister sur l’exploitation familiale. Là où elle aurait tant aimé s’exprimer dans l’élaboration du champagne.

UNE THÉRAPIE

Pour combler ses insomnies, Caroline Brun s’est mise à peindre. Elle a couché ses impressions de dégustation sur ses toiles. “C’est ma façon de faire mon vin en fait, de m’exprimer de manière très personnelle dans le vin. C’est pour ça que j’utilise tous les résidus de la fabrication du champagne dans mes tableaux.” Le fameux Dom Pérignon 71 a été le premier tableau qui lui a donné l’idée de garder la représentation d’une cuvée dans une peinture, pour décorer sa maison. Caroline Brun travaille par ailleurs depuis dix ans dans le “receptive” pour une prestigieuse maison de champagne. “Je ne reçois que des professionnels du vin. Je parle de chiffres, d’assemblage, de dosage, d’années… Je trouve ça réducteur. Là, c’est plus affectif.”

Tableau de Caroline Brun

MASTER CLASS A SAN DIEGO

La crise sanitaire lui a laissé le temps de créer. La vente de ses oeuvres a compensé le manque à gagner du confinement. Jusqu’à ce qu’un couple d’américains découvre une de ses expositions à la Villa Bissinger d’Aÿ.  «C’est  coup de foudre humain et artistique.» La proposition d’aller s’installer trois semaines chez eux, à San Diego, est arrivée très vite. Tout est prévu : l’atelier, l’hébergement, les dégustations visuelles commentées par l’artiste (qui est bilingue). “Je vais expliquer mes toiles à travers les vins qui seront dégustés en même temps. Un bon vin trouve sa profondeur dans les racines de son terroir, c’est pour ça que mes tableaux ont du relief.” 75 amateurs se sont déjà inscrits à ses master classes.

LES PLUS BELLES CUVÉES

Des vignerons et des maisons de champagne parmi les plus prestigieuses sont engagés dans ce projet. Leurs vins seront présentés par Caroline Brun, là bas à San Diego, avant d’être dégustés. “Je considère le vin comme une oeuvre d’art, je le montre en peignant. Je vais éduquer au champagne, c’est ce que j’adore faire. Mais de façon très différente, très personnelle.” Il est fort à parier que les participants viendront très vite en Champagne et qu’ils demanderont à l’artiste d’être leur guide. Il s’agit donc aussi d’une expérience professionnelle, mais l’humain y tient une grande place. «C’est extrêmement touchant d’avoir une influence sur les autres.» 

 

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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