Le campement des migrants est bien visible. Les tentes sont plantées sur le talus qui longe le Boulevard Eisenhower, juste en face du CADA, le Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile de Reims. Les réfugiés qui les occupent étaient restés discrets jusqu’à présent. Mais l’enlisement de leurs procédures administratives les a conduits à se rassembler mercredi devant le Palais de Justice avec le renfort du Collectif 51. Ce regroupement d’associations et de bénévoles assurait jusqu’ici leur hébergement. Un appel aux dons lancé sur les réseaux sociaux a permis de les loger à l’hôtel ou chez des particuliers pendant 3 mois. Mais aujourd’hui, les caisses sont vides. Et la requête déposée en référé auprés du Tribunal Administratif pour qu’ils soient logés par les services de l’Etat vient d’être rejetée
Ils sont à Reims depuis la fin du mois de Novembre. Ils étaient une trentaine à l’époque, dont une femme enceinte et un jeune enfant. Couchés devant le CADA, à même le sol et par trés grand froid. Ils arrivaient d’Afrique, d’Albanie, de Georgie ou d’Armenie. La chaîne de solidarité lancée par une bénévole habituée des maraudes s’est avérée trés efficace*. Une petite dizaine d’entre eux ont pu faire valoir leurs droits de demandeurs d’asile. C’est ce qui leur permet de bénéficier aujourd’hui d’un hébergement, le temps de l’instruction de leur dossier. Les autres attendent toujours d’être pris en considération par les services préfectoraux. Quatre fonctionnaires sont affectés à cette tâche dans la Marne. C’est insuffisant pour répondre à une demande en forte croissance. On est passé de 600 à 900 demandeurs d’asile entre 2015 et 2016 dans le département et la pression migratoire s’accentue. Le délai pour la prise en charge administrative des dossiers ne devrait pas dépasser 10 jours aux termes de la loi. Certains des réfugiés dont il est question ici l’espèrent depuis 2 mois. Le Collectif 51 en appelle au respect du droit, réclamant qu’ils soient mis à l’abri en attendant. Saisi en référé, le Tribunal Administratif a débouté le collectif. Car aux termes des jugements qui viennnent de tomber, l’Etat n’aurait pas à héberger ces migrants. Parce qu »ils ne sont pas en situation de vulnérabilité et parce que les centres d’accueil sont saturés.
ENLISÉS DANS LA BOUE ET DANS LES PROCÉDURES
Difficile à entendre pour les bénévoles qui savent qu’ils ont quitté leur pays parce qu’ils y étaient en danger, parfois menacés d’une mort certaine s’ils y restaient. Le Collectif 51 n’a plus les moyens de payer leurs chambres d’hôtel. Il a fallu trouver des tentes, des couvertures. Mais ça ne résoud rien. Ils pataugent dans la boue parce qu’il pleut. Ils vont chercher du bois dans le parc voisin pour se réchauffer parce qu’ils ont froid. Jusqu’à quand ? « Notre mobilisation, commente le président de la Société Saint Vincent de Paul, a permis à l’Etat de se défosser. Enlever les gens de la rue, c’est faire disparaître le problème. Tant qu’ils étaient à l’abri ils n’étaient pas prioritaires, poursuit Hervé Augustin. C’est ce qu’on nous répondait quand on appelait le 115. Et aujourd’hui on nous culpabiliserait presque de les avoir remis dehors ». Alerté dés le 7 Décembre, l’adjoint au Maire Franck Noël a finalement accepté de recevoir les représentants du Collectif 51 le 9 Mars. Les bénévoles attendent beaucoup de cette rencontre.
Lire par ailleurs : « Solidarité pour les migrants à Reims »