TROIS KURDES ONT ÉTÉ CONDAMNÉS À DES PEINES DE UN AN ET TROIS ANS FERME
Le trafic était organisé à partir de la jungle de Calais : chaque jour ou presque, une camionnette quittait le camp avec une vingtaine de personnes à bord, en direction des aires d’autoroutes marnaises. Les migrants éaient embarqués clandestinement, et à l’insu des chauffeurs, dans des camions anglais qui devaient passer outre Manche. Coup de l’opération : 1000 à 6000 euros par personnes. Paiement d’avance sur des comptes bancaires du Kurdistan Irakien. Trois passeurs ont été arrêtés mais les gros bonnets courent toujours
CINQ MOIS DE FILATURE
Tout commence en Janvier dernier avec le contrôle d’une camionnette sur une aire d’autoroute à Reims. Une vingtaine de migrants sont interpellés. C’est le début d’une enquête de 5 mois. Les filatures et les écoutes téléphoniques permettront de cerner le fonctionnement d’un réseau parfaitement srtucturé. Baban, le financier est au sommet de la pyramide. C’est lui qui récupère depuis l’Angleterre, les fonds bloqués sur des comptes bancaires kurdistanais par les familles de migrants. Quand l’argent est versé, entre 1000 et 6000 dollars par personne, il donne le feu vert à Mamosta qui opère sur le camp de Calais. Ils désigne les élus à Saladine. Saladine, 22 ans, vient d’écoper de 3 ans de prison ferme. Il était un migrant comme les autres avant de se lancer dans les affaires. « C’est un sous chef « dit le procureur. Il touche 1000 euros par camionnette, mais seulement si l’opération est réussie, autrement dit si les passagers arrivent en Angleterre. Autour de 25 000 Euros par mois donc, de quoi annoncer à sa famille qu’il pourra bientôt lui offrir un beau terrain au Kurdistan, c’est ce que révèlent les écoutes téléphoniques.
MIGRANTS OU TRAFICANTS ?
Namik et Tofiq sont sous les ordres de Saladine. Guetteurs, chauffeurs ou bricoleurs, ils savent forcer les camions, même frigorifiques, pour y faire monter leurs compatriotes, à moins qu’ils ne leur fassent escalader les remorques bâchées pour y pénétrer par le toit. Ils savent aussi maquiller leurs effractions avec de la peinture et de la colle pour que les chauffeurs ne s’aperçoivent et de rien avant de prendre la route . Namik et Tofiq se décrivent comme des exécutants occasionnels , pris en otage en attendant de rejoindre l’Angleterre à leur tour, loin de Daesh. Mais les enquêteurs en font des collaborateurs réguliers. Ils écopent tous les deux d’un an de prison ferme. Quand ils ont été arrêtés à Reims au terme d’une longue filature, ils repartaient sur Calais aprés avoir rempli leur mission ,sans doute pour rejoindre Mamosta. Mais il a pris la fuite et il court toujours. Le dénommé Baban n’est pas inquiété lui non plus. Sa fortune se compte en millions de dollars. Le réseau qu’il dirige est peut être en sommeil pour le moment mais d’autres font la même besogne sur d’autres autoroutes…à moins que la prise en charge des migrants de la jungle de Calais ne les dissuade de gagner l’Angleterre à tout prix.