Loana a pris le bus avec une camarade pour rentrer chez elle à Sedan, après avoir quitté son école le mardi 17 Octobre. Mais elle n’est jamais arrivée. Le commissariat a été alerté à 22 heures12 de cette disparition immédiatement qualifiée d’inquiétante. Peu après la diffusion de l’appel à témoin, une femme qui connaissait la fillette a signalé qu’elle l’avait vue entrer dans un bar désaffecté en fin d’après midi. Et le scénario du pire s’est rapidement confirmé
Le témoignage de cette voisine a aussitôt conduit les enquêteurs jusqu’au corps de l’enfant dans la cave de l’immeuble. « On a beau être magistrat, on en voit beaucoup…c’est quelque chose qui même pour nous est insupportable. En tant que père de famille, ça nous a beaucoup touchés. » Ce préambule à la conférence de presse du Procureur de la République de Reims laisse imaginer les derniers instants tragiques de Loana.
NIER MALGRÉ TOUT
Même si François Schneider se refuse à entrer dans des détails insoutenables, on comprend que la fillette de 10 ans et demi a subi toutes les violences avant de mourir. Les traces de sang apparaissent dès le rez-de-chaussée, dans le bar désaffecté et dans la chambre du locataire de l’immeuble. Elles tracent ensuite le calvaire de l’enfant jusqu’à la cave où son corps est emballé dans des draps. L’autopsie révèle que sa mort est due à de multiples coups portés au visage, à la seule force du poing, ou à l’aide d’un objet. L’homme qui occupe cet immeuble est divorcé, il a 57 ans. Les examens de laboratoire indiquent qu’il était très alcoolisé au moment du drame. Il veut faire croire que la mort de l’enfant est le résultat d’une chute accidentelle dans les escaliers, et qu’il n’a su que faire du corps.
DES ÉLÉMENTS MATÉRIELS ACCABLANTS
Il nie le meurtre, mais « les éléments matériels confirment beaucoup de chose assène François Schneider. Il a fini par reconnaître qu’il l’a violée. » Le viol est intervenu « dans des conditions particulièrement difficiles » ajoute sobrement le procureur. « Il dit d’abord qu’elle était décédée, et finalement peut-être pas. » Loana était suivie par le juge pour enfant. Elle bénéficiait d’une assistance éducative, tout comme ses deux sœurs. En sortant de l’école elle est allée voir cet homme parce qu’elle le connaissait. Il buvait beaucoup dans cet immeuble qu’il louait et occupait seul. Ses six enfants venaient le voir de temps en temps.
« TOUT EST PERTURBANT DANS CETTE AFFAIRE »
Le père de Loana le connaissait, parce que «c’est un petit quartier où tout le monde se connait» précise le Procureur, ajoutant que les deux familles appartiennent à un milieu carencé. Il était peu connu des services de justice. Tout au plus a-t-on retrouvé les traces de 3 délits routiers, dont deux sont réhabilités parce que très anciens. « Tout est perturbant dans cette affaire, commente encore François Schneider. Il n’a pas le profil habituel de ce type de criminel. » Il n’a jamais été condamné pour des violences ou des agressions sexuelles. Il ne donne aucune explication. Il a été déférré pour meurtre sur mineur de 15 ans accompagné de viol. Il encourt la perpétuité assortie d’une peine de sureté maximale de 30 ans.