Il voulait lui faire mal et l’humilier. Elle était son jouet. Cette agression insoutenable a été filmée par une caméra de surveillance. C’est ainsi que Cédric Ménard a écopé de 4 années d‘emprisonnement, dont deux fermes. Il a fallu des mois avant que l’épouse battue ne trouve le courage de déposer une seconde plainte contre son ex mari, cette fois pour le viol qui a suivi les coups. Un viol enfoui pour ne pas admettre la personnalité terrifiante de celui qu’elle a aimé sans le connaitre. Il a 3 enfants dont elle ignorait l‘existence, et plusieurs mentions à son casier judiciaire. Ce qu’elle n’imaginait pas. Mais ce n’est pas tout : la justice l’a récemment condamné, une fois de plus, pour des relations incestueuses sur sa fillette de 7 ans.
Comme 90% des femmes victimes de violences conjugales, Géraldine* a d’abord regretté d’avoir porté plainte. Elle ne voulait pas que l’histoire si romantique de son couple s’achève. Il y avait bien eu une première agression, 4 mois plus tôt. Mais elle l’aimait. Elle refusait d’admettre qu’elle s’était trompée.
“SI JE VIENS CHEZ TOI,JE NE REPARS PLUS”
Quand ils se sont rencontrés, elle sortait d’une relation avec un homme violent. Cédric Ménard la prend sous son aile. Il paye même ses frais d’avocat pour l’aider à se sortir de cette passe difficile. Il sait la faire rêver. «Je te préviens, si je viens chez toi je ne repars plus et je t’épouse.» Effectivement. Alors qu’elle se remettait mal de sa séparation, il s’installe chez elle, 5 jours après sa première visite. Ils se marient très vite, en secret. On est en Novembre 2020. Elle vit seule avec ses trois enfants, deux filles et un petit garçon de 5 ans, « Je n’avais aucune confiance en moi. Il mettait du soleil dans notre vie.» Ils annoncent leur mariage à leurs amis à l’occasion d’un anniversaire surprise. Elle s’est habillée en mariée pour l’occasion. C’est joyeux.
L’EMPRISE
Les enfants sont sous le charme. Il s’amuse avec eux, leurs bagarres sont des jeux. Même s’il en ressort toujours vainqueur, pour manifester son ascendant sur la petite famille. Voilà comment Géraldine* passe sous sa coupe. Il la persuade qu’elle a de la chance : il ne porte jamais son regard sur une femme de plus de 35 ans, explique-t-il, alors qu’elle en a 38. « Tu as pris du poids, tu as du ventre. » Le travail de sape est sournois. « J’étais devenue de la pâte à modeler dans ses mains. Quoi que je fasse, ça n’allait pas. S’il avait faim la nuit je descendais lui faire à manger, mais quand je remontais avec le plateau, il dormait. J’étais bonne cuisinière. Il m’a convaincue du contraire.» Un jour, alors qu’il remplit des papiers pour la CAF, il lui demande sa date de naissance. Elle ose s’étonner. Alors il part en claquant la porte.
LES COUPS
Elle tient un bar à Reims. C’est là qu’il revient un peu plus tard à l’heure de l’apéritif. Les habitués sont au rendez-vous. Mais il est plus intéressé par les messages de son portable. Ils les efface dès qu’il les a lus. Elle s’en étonne. Alors il quitte les lieux, excédé. Elle le suit, elle veut comprendre. Ils sont mariés depuis 5 mois à peine. Elle l’aime, elle espère avoir un enfant de lui. Elle prend même un traitement qui doit favoriser une grossesse. Mais dans la rue, la première gifle tombe. Et plus tard, il revient sur les lieux. Cette fois le bar est fermé. Il la jette au sol. « Je vais te crever ». Coups de pieds, coups de poings, verres de vin et crachats au visage… « Ce soir là, je me suis vue mourir ». Il n’y a plus de témoins dans le bar, mais les caméras de surveillance tournent. Devant le tribunal correctionnel de Reims, il ne pourra pas nier la violence des coups. «C’était le plus gros échec de ma vie» dit Géraldine. Sans le soutien de son entourage, elle n’aurait pas porté plainte.
J’AI ÉPOUSÉ UN INCONNU
Quand il est placé en détention provisoire, elle dépose des vêtements à la maison d’arrêt. Le gardien lui suggère de demander un droit de visite. «Je lui ai répondu que je n’y avais pas droit, parce qu’il était en prison à cause de moi. Il a souri.» Quand arrive le procès des violences qu’elle a subies, elle espère encore qu’ils pourront se retrouver. Mais elle découvre à l’audience qu’il a trois enfants, qu’il a déjà été condamné plusieurs fois. Elle découvre aussi qu’il est poursuivi pour des faits d’inceste sur sa petite fille de 7ans, née de son premier mariage. L’enfant a été portée par une mère dans le coma. Elle mourra en lui donnant naissance. Pendant que cette future mère inconsciente finit sa vie sur un lit d’hôpital, il a des relations avec sa belle fille de 14 ans, née d’un précédent mariage de son épouse. Mais pas question, évidemment, de reconnaître le garçon qui naîtra de cette relation. La jeune mère est, encore aujourd’hui, à son entière dévotion.
LE VIOL RÉVÉLÉ
Les audiences qui examineront ces faits d’inceste (le compte rendu est ICI) mettent Géraldine*en face d’une réalité terrifiante dont elle ignore presque tout. C’est peut-être ce qui lui a permis d’admettre qu’elle a été non seulement battue, mais violée par l’homme qu’elle aimait. Fracassée par les coups ce 28 Avril 2021, elle était montée dans sa chambre, pour se doucher. « Je m’allonge, inerte. J’ai mal partout. Quand il arrive, je suis ailleurs. Il m’a promis de me «crever » quelques minutes plus tôt. Je ne bouge pas. Les enfants dorment à côté. Il se sert. Et il ajoute : “j’espère que tu as bien profité, parce que c’est la dernière fois”. Depuis je ne supporte plus qu’on me dise: profite bien ! » Une instruction pour viol est ouverte. Géraldine et son avocat Maître Romdane ont refusé que l’affaire soit correctionnalisée comme l’a suggéré le Parquet de Reims avec insistance. Car le viol est bien un crime passible de la Cour d’Assises martèle l’avocat.
*Le prénom de la victime a été modifié.
En Janvier 2024, le juge d’instruction a renvoyé Cédric Ménard devant la Cour Criminelle. Son procès doit s’ouvrir le 4 Octobre 2024.