L’audience solennelle de rentrée d’un Tribunal de Grande Instance est traditionnellement l’occasion d’évoquer les temps forts de l’année judiciaire écoulée, d’en faire une sorte de bilan. A Reims le Procureur de la République a choisi la métaphore de l’arc en ciel pour rythmer son discours, en commençant par la jaune…évidemment. Car le gilet jaune, dit Matthieu Bourrette, est devenu « le jaune de travail de ceux qui ne peuvent plus vivre de leur travail« . Cette contestation sociale est très légitime selon le Procureur de la République, les débordements qui l’ont accompagnée le sont beaucoup moins. « Lorsque la contestation devient violente, lorsque pour vouloir construire un nouveau monde on frappe et on menace, on détruit, alors on n’est plus dans le débat mais dans le délit et la justice est légitime à passer. » A Reims, il n’y a eu, selon le parquet, qu’une stricte application de la loi par des réponses graduées et proportionnées aux délits. 25 personnes, dont 19 gilets jaunes, ont ainsi été déférées devant les juridictions répressives. Les manifestants y ont vu une pénalisation du mouvement social. Matthieu Bourrette leur oppose la légitimité d’une réponse judiciaire adaptée à la délinquance et à la violence, « parce que, dit-il, le gilet jaune n’est pas un passeport diplomatique qui autoriserait l’immunité, pour reprendre une image à la mode du moment ».