Les traces de tortures sont innombrables et la description qu’en fait le Procureur de la République Matthieu Bourrette difficilement soutenable. Le bébé dormait sur une paillasse à même le sol dans un appartement insalubre, une sous location de 20 mètres carrés dans le quartier Clairmarais. Ses parents sont arrivés à Reims il y a un an. Ils se sont connus en région parisienne où ils ont eu un premier enfant il y a quatre ans. Il a été très rapidement placé sous assistance éducative en raison des violences que sa mère exerçait sur lui. Elle a 22 ans, il en a 34. Ils n’avaient pas d’emploi et vivaient dans un dénuement total, économique, social, médical et même intellectuel puisque le père a du ma à lire. Les parents et l’enfant pourraient être porteurs du VIH selon le père. Entendu par le SRPJ de Reims, il a regretté de ne pas avoir alerté les services sociaux sur la violence de sa compagne qui pouvait aussi s’en prendre à lui, jusqu’à brandir un couteau pour le menacer. Voilà comment l’enfant a pu subir de terribles violences, brûlures, scarifications, fractures, strangulation. Les lésions visibles sur le cou et le thorax sont sans doute liées à l’utilisation de cables électriques qu’on a retrouvé dans l’appartement. Avant même l’autopsie qui doit avoir lieu dans les prochaines heures, le constat est accablant. Les parents n’ont manifesté aucune émotion même à l’annonce de la mort du bébé après sa prise en charge aux urgences. La mère qui est ivoirienne a nié les maltraitances, expliquant qu’elle pratiquait une médecine africaine usant de crème de karité et charbon pour soigner son enfant. Il s’alimentait correctement selon elle, mais il pouvait arriver qu’elle n’ait pas de quoi acheter le riz et le lait dont elle le nourrissait. Le bébé de 14 mois pesait un peu plus de 6 kilos. Le père, français d’origine mauritanienne, a expliqué qu’il ne prenait aucune part à l’alimentation de son fils qui relevait de l’unique responsabilité de sa mère. Les deux parents ont choisi de garder le silence devant le juge d’instruction. Ils ont été mis en examen notamment pour meurtre sur mineur et non dénonciation de crime, privation de soins et d’alimentation. Ils risquent la perpétuité. L’information qui est ouverte permettra peut-être d’expliquer comment le calvaire de cet enfant a pu échapper aux services sociaux et aux voisins de l’immeuble.