L’ÉLEVEUR D’AMBRIÈRES N’EST PLUS EN PRISON

Jean Louis Leroux était en détention provisoire depuis ce terrible coup de fusil qui a très grièvement blessé un cambrioleur le 1er Février dernier. Le jeune homme de 19 ans s’était introduit avec deux complices sur son exploitation d’Ambrières, dans le Sud Ouest Marnais, pour y voler du carburant. Les enquêteurs n’ont toujours pas pu l’entendre, tant son état reste préoccupant.


Devant la Cour d’Appel de Reims qui vient de décider sa remise en liberté Jean Louis Leroux a expliqué qu’il avait agi pour impressionner le cambrioleur sans avoir jamais eu l’intention de le blesser
, en attendant les gendarmes qui avaient été prévenus. Il faut dire que l’éleveur d’Ambrières est un habitué de la procédure qu’il a bien fallu mettre en place dans ces fermes isolées, en accord avec les forces de l’ordre. Il leur faut en moyenne une demi-heure pour arriver sur place quand on les appelle. La stratégie préconisée consiste donc à bloquer les voleurs jusqu’à l’intervention des gendarmes pour qu’ils soient arrêtés.

VIVRE DANS L’INSÉCURITÉ

Mais les failles du système sont bien connues des agriculteurs de ce territoire rural. Ils étaient plus de 500 devant la Cour d’Appel pour le rappeler aux juges et à l’opinion : les cambriolages sont devenus une routine dans les fermes. Tous ou presque ont une histoire à raconter : vols de carburant, de câbles, d’outillage, de GPS et même d’animaux parfois découpés sur place.

Ils essaient de s’en prémunir par des systèmes d’alarme en cas d’intrusion. Celle de Jean Louis Leroux avait parfaitement fonctionné cette nuit là. Et avant de se rendre sur place avec son frère, il a bien prévenu les gendarmes. Ils sont arrivés  très vite cette fois ci, en un quart d’heure, mais c’était trop tard. Le voleur, qui appartient à la communauté des gens du voyage, espérait prendre la fuite au volant de sa voiture malgré la gravité de ses blessures. Il a été arrêté mais ses complices avaient disparu. C’est d’ailleurs parce qu’il pensait que ces deux là risquaient de le prendre en tenaille que Jean Louis Leroux a tiré selon son avocat.  Des tirs de semonce , deux au sol  et un troisième qui a blessé le cambrioleur a précisé Maitre Chemla ajoutant que son client avait déposé jusque là  une trentaine de plainte pour vol. « Au delà des plaintes qu’il a déposées dit un ami, Jean Louis a subi une cinquantaine de cambriolages dont un la veille du drame.  On se demande comment il pouvait dormir dans ses conditions. Il était épuisé.Tout le monde sait que les gens du voyage roulent «au rouge» (le carburant des agriculteurs, ndlr), mais on ne fait rien »

LES COMPLICES ARRÊTÉS PARLERONT-ILS ?

L’avocat Général, qui a été suivi par la Cour, a donc demandé la remise en liberté de l’agriculteur, soulignant qu’il s’était expliqué sans aucune réserve sur des faits qui se sont déroulés dans le cadre d’une “arrestation citoyenne” prévue par la loi. Des faits qui relèveraient davantage, selon le magistrat, de la qualification de violences volontaires, ce qui est un délit, plutôt que de celle de tentative de meurtre qui a été retenue. Marc Hellenbrand, l’avocat de la famille du cambrioleur, se dit quant à lui d’autant plus choqué par la remise en liberté de l’agriculteur que le blessé n’a toujours pas pu être entendu par les enquêteurs en raison de son état de santé. L’arrestation très récente de ses deux complices permettra peut-être d’avoir une vision plus complète des circonstances du drame

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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