La grande et belle affiche représente une jeune femme « fière de rendre la justice« . Elle figure en bonne place dans la salle des pas perdus du Palais de Justice de Reims, comme dans bien des tribunaux français, pour convaincre les femmes de s’engager dans la magistrature. Ici comme ailleurs l’incitation a bien été suivie des faits : à la faveur de l’audience d’installation du TGI de Reims le Procureur de la République a accueilli six magistrats ou plus précisément, six magistrates (4 au siège et 2 au parquet). L’occasion pour Mathieu Bourrette de rendre un vibrant hommage à Simone Veil qui a été une femme magistrat dès 1956 –on l’avait presque oublié- « à l’heure où les robes s’étonnaient de devoir côtoyer les jupes dans les palais de justice. » Car la féminisation du corps qui s’impose aujourd’hui comme une évidence, pour ne pas dire une nécessité, n’a pas toujours été de soi. En 1937, le procureur l’a évoqué, on suggérait qu’elles n’accèdent à la magistrature qu’à la condition de s’en tenir à la fonction de juge assesseur au Tribunal pour Enfant. En 1946, l’année de l’ouverture du corps de la magistrature aux femmes, on prétendait encore et toujours les cantonner aux affaires familiales. En rappelant que Simone Veil s’est battue pour la justice des femmes, Mathieu Bourrette a donc proposé de »faire de ce jour d’installation celui des femmes de la justice. » La formule est jolie, mais il faudrait aller plus loin. La dynamique de la féminisation s’est engagée dans les années 80. En 2017 les femmes représentaient 77% des inscrits au concours….mais les postes hiérarchiques restent aux mains des hommes. A Reims, Châlons, Charleville et Troyes les procureurs sont des hommes, le procureur général de la Cour d’Appel de Reims est un homme et quatre Cour d’Appel sur 33 sont dirigées par des femmes en France.