LE TON MONTE EN CHAMPAGNE

Le COVID fera-t-il exploser la belle unité de la Champagne ?
La question peut se poser après l’échec de la réunion entre le Syndicat Général des Vignerons et L’Union des Grandes Marques. Elle devait déboucher sur le choix d’un rendement adaptée à une situation économique très particulière. La pandémie a fait chuter les ventes de champagne et les chiffres largement diffusés par les instances champenoises ont de quoi donner le vertige. Le manque à gagner est estimé à 1,7 milliards d’euros en 2020. Il correspond à une chute des expéditions estimée, là encore, à plus de 100 millions de bouteilles. Il faudra donc tenir compte de cette mévente dans le choix du rendement de la vendange pour éviter une surproduction à haut risque. Mais le l’option d’un rendement trop bas comporterait un autre risque, celui de faire disparaître bon nombre d’exploitations viticoles dont le seuil de rentabilité se situerait autour d’un rendement de 9000 ou 9500 kilos de raisins à l’hectare. Maxime Toubart, le président du SGV ne mâche pas ses mots dans un communiqué adressé à la presse. “Nous ne comprenons pas pourquoi le négoce propose des rendements faibles qui ne correspondent pas à ses propres prévisions d’expéditions en 2020. Le négoce prouve ainsi que son principal objectif est d’alléger ses stocks.” Car il est vrai que le surstockage et les difficultés préoccupantes de quelques grandes marques du négoce ont existé bien avant la crise. L’ecroulement des ventes lié au confinement représenterait pour cette année une perte de chiffre d’affaire de 30% pour l’économie champenoise. D’autre secteurs d’activité ont connu bien pire. La prospérité indécente de la Champagne dans les dernières décennies l’a peu préparée aux turbulences. Les partenaires de l’appellation doivent se revoir le 18 Août en espérant, écrit encore Maxime Toubart, “des propositions plus réalistes et plus raisonnables” du négoce. Le mois de juin a enregistré un redémarrage timide des ventes.
Les chiffres de juillet sont attendus avec impatience. Peut être favoriseront il un consensus ?

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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