Pour Rosméry la prostitution est presque une fatalité, un métier comme un autre. Avant de l’exercer à Bordeaux, puis à Reims, elle s’est prostituée dans son pays à Saint Domingue, dès l’âge de 14 ans. Sa famille, si l’on en croit son avocat, ne lui offrait pas d’autre avenir. Et sa jeune sœur Simona faisait comme elle dans l’hôtel où elle travaillait à la Martinique.
Rosméry est devenue mère à l’age de 16 ans, sans doute à la suite d’un viol. Rien d’étonnant à ce qu’elle migre vers la France, bientôt suivie par Simona et deux autres sœur pour y vivre des jours meilleurs. D’abord à Bordeaux, puis à Reims et à Pontault Combault. Dans ces trois villes, la prostituée qu’elle n’a jamais vraiment cessé d’être s’est engagée dans une activité plus lucrative : elle est devenue proxénète et elle ne le nie pas. Elle organise son réseau avec l’aide de son mari martiniquais dont elle a eu deux autres enfants. Passionné par les jeux vidéos, il passe sa vie devant les écrans quand il ne se charge pas de poster les annonces qui attirent le client sur des sites plus ou moins spécialisés tels que Vivastreet. Rosemary peut alors se charger de trouver les appartements, de coordonner les rendez vous, de rétrocéder les commissions aux logeurs complaisants. Et elle ne s’arrête jamais, même depuis le lit de la maternité où elle vient d’accoucher. A la barre du Tribunal Correctionnel de Reims elle se dit “profondément désolée” admettant sans difficultés d’avoir fait travailler une dizaine de filles, dont trois de ses sœurs. Les prestations des prostituées sont tarifées 80 euros au client, mais elles en touchent un petite moitié. Les revenus finalement modestes de Rosméry, entre 1000 et 2000 euros par mois, devenaient un pactole quand ils arrivaient chez ses parents en République Dominicaine, jusqu’à lui permettre d’investir dans un café ou de l’immobilier. Mais en France son activité de proxénète lui vaut d’être condamnée à 4 ans de prison, dont un assorti du sursis. Six autres prévenus, dont sa sœur Simona, sont jugés à ses côtés pour proxénétisme aggravé. Le réquisitoire de la Procureure reprend les détails d’un dossier « nauséabond » fustigeant le raisonnement trop répandu qui analyse la prostitution comme « une pratique de personnes libres et consentantes ». « Ce marché là rapporte, les clients ne sont pas au même rang que les proxénètes ». Le Tribunal suivra les réquisitions du Ministère Public à la lettre. C’est ainsi que le logeur de Pontault Combault écope de 2 ans fermes. Celui de Reims est condamné à une amende de 20 000 euros. La justice reproche à cet homme de 71 ans apparemment respectable, d’avoir fermé les yeux sur le commerce sexuel qui s’exerçait dans son appartement de la rue des Augustins, tout près de la Cathédrale de Reims. Il le nie farouchement à la barre en revendiquant une démarche sociale qui l’a poussé à loger des réfugiés dont personnes n’a voulu après l’ouragan de Saint Domingue. Il a fait appel de sa condamnation.