Audience trés sensible au Tribunal Correctionnel de Reims. En témoigne l’affluence de policiers venus nombreux, et parfois de trés loin pour soutenir leur collègue ce 11 Avril 2017. Un fonctionnaire de la BAC de Reims jugé pour des violences sur un jeune majeur, Roméo Péron, particulièrement agité pendant sa garde à vue. Un rapport de l’IGPN conclut a une faute de ce policier jusque là exemplaire, sur la foi d’une vidéo. Tandis que le patron du centre de formation de la Police Nationale affirme à la barre que le protocole trés précisément imposé aux policiers quand ils ont a faire usage de la force a été scrupuleusement respecté. Le Procureur de la République Matthieu Bourrette réclame pourtant 3 mois de suspension et autant de prison avec sursis pour le Gardien de la Paix. Aprés une première condamnation à 2000 euros d’amendes avec sursis, le policier a finalement été relaxé en appel. Roméo Péron continuant sur sa lancée, sera condamné à un an de prison ferme quelques mois plus tard pour de nouvelles insultes aux forces de l’ordre.
L’accusation repose sur 2 minutes et 2 secondes de la vidéo tournée par les caméras de surveillance . A ce stade les policiers sont parvenus aprés d’énormes difficultés à faire entrer Roméo Péron dans la geole numéro 4 du Commissariat de Police de Reims. Le petit voyou vient d’être mis en garde a vue aprés une interpellation particulièrement mouvementée.
REBELLIONS ET PROVOCATIONS
Le jeune homme n’a rien épargné aux 4 policiers qui sont intervenus pour le maîtriser : coups de pieds, insultes, menaces, crachats… Un des Gardiens de la Paix mobilisés sur son menottage avait dû lui administrer une gifle et un coup de poing pour se libérer de son emprise. » Je ne pensais pas rester là toute la nuit, se justifie Roméo Péron à la barre, ça m’a énervé. » Il avait été interpellé au petit matin alors qu’il sautait à pieds joints, avec trois de ses copains, sur des voitures en stationnement rue de Solférino. Quatre jours plus tôt il était sorti d’une détention où l’avaient conduit de précédents outrages et rebellions. Mais dix heures aprés la fin de sa garde à vue du 2 Mars, il déclare avoir été cette fois victimes de violences policières volontaires au commissariat. Un certificat médical fait état d’une incapacité de travail temporaire de 15 jours, même si le plaignant admet que les blessures qui y sont mentionnées ne sont pas liées aux violences reprochées au fonctionnaire Francky Caron.
UNE RIPOSTE DISPROPORTIONNÉE
Les 20 années de carrières du policier pouvaient être citées jusqu’ici en exemple. Le Procureur de la République ne le nie pas. « Mais les policiers ont le monopole de la violence légitime, alors ils doivent se maîtriser, ne pas dépasser les limites ». Voila bien ce qui est reproché au prévénu par la police des polices dans sont rapport : la réponse n’a pas été proportionnée. Alors que le gardé à vue revenait les poings serrés vers la porte de la geôle en lui promettait qu’il allait « le niquer « , Francky Caron n’aurait pas du faire usage de la force de cette manière : mouvement circulaire de la main à plat et coup de poing pour le ramener au fond de la cellule où il fallait l’enfermer. Alvaro Fernandes est le chef du CNEPS, le centre qui forme les policiers au ministère de l’intérieur. Il dirige le service de formation des policiers aux techniques de sécurité. Il s’étonne des conclusions de l’IGPN parce que la réponse du prévenu a été selon lui conforme aux règles enseignées par les formateurs du CNEPS. Il explique qu’il s’agissait cette nuit là de ramener Roméo Péron dans un champ restreint par des coups contrôlés. Et s’il ne l’avaient pas été ils auraient, selon lui , laissés des traces bien plus importantes que celles que montre la photo du visage tuméfié.
LE PROCUREUR RENVOIE TOUT LE MONDE DANS LES CORDES
Jugés l’un aprés l’autre dans deux audiences séparées, le policier et le délinquant ont essuyé des réquisitions trés fermes de la part du Procureur de la République Matthieu Bourette. Trois mois de suspension et 3 mois de prison avec sursis pour le premier (parce que « un avertissement n’aurait pas suffit »), et un an de prison ferme avec mandat de dépôt pour le second . Une manière de dire le droit sans fléchir : le comportement du jeune délinquant a été inacceptable mais le Gardien de la Paix ne devait pas y répondre de cette manière. « Les valeurs de la police sont bafouées commente Francky Caron au terme du réquisitoire. Tout ce que j’ai fait depuis 20 ans tombe à l’eau. » Dans la salle des pas perdus, les policiers s’interrogent sur la manière dont il devront désormais user de la force, allant jusqu’à redouter une perte d’efficacité de la Brigade Anti Criminalité de Reims.
Condamné en première instance à une amende de 2000 euros avec sursis, le policier a finalement été relaxé en appel le 14 Septembre 2017.
ÉPILOGUE
Roméo Péron décidément fâché avec les forces de l’ordre a de nouveau été condamné le 15 Mars 2018, cette fois à un ans de prison ferme pour des menaces et insultes à un policier.