Avec la déposition des médecins qui ont examiné le corps du petit Tony, les jurés ont affronté le pire. Les expertises révèlent un acharnement du compagnon de Caroline Létoile sur son fils. La passivité de cette jeune mère n’en est que plus incompréhensible. Ses avocates veulent en faire une femme sidérée par Loïc Vantal. Mais la tâche est ardue.
“Il est rare que l’on voie un tel déchaînement de violence sur un enfant de 3 ans.” Le Docteur Béatrice Digeon est pédiatre au CHU de Reims depuis 45 ans. Elle y dirige aujourd’hui l’Unité Médico Légale Pédiatrique. C’est à ce titre qu’elle a examiné le corps deTony après son décès. Elle égrène le long chapelet des lésions dont tout le corps, absolument tout le corps de l’enfant était marqué.
DES SOUFFRANCES TERRIBLES
Dans sa longue carrière Béatrice Digeon dit compter d’aussi terribles maltraitances sur les doigts d’une main. Et ses conclusions sont glaçantes : “Il a sûrement eu très mal pendant toute la durée de ce qui lui restait à vivre.”
Et quand on rappelle que la mère a pu croire à une gastro entérite, elle tranche sans détours : “ Avec ces hématomes associés aux vomissements il était difficile qu’elle se trompe.” Et plus accablant encore : “L’enfant avait de fortes chances de survivre si ses lésions avaient été prises à temps.” La défense est mise à mal. Particulièrement celle de la mère qui depuis l’ouverture de l’audience conteste les faits qu’on lui reproche : non assistance et non dénonciation de mauvais traitement sur un mineur. Un peu plus tard, les dépositions des médecins légistes viennent disséquer les souffrances de Tony. Ils font état d’une soixantaine d’ecchymoses dont un tiers sur le visage. Caroline Létoile suit les débats tête baissée. Elle quitte d’ailleurs la salle quand le Docteur Frichet évoque le corps de Tony tel qu’il l’a découvert.
COUPS DE POING ET DE PIED
Pour l’expert, les coups de poing, et peut-être de pied, sont à l’origine de l’éclatement de la rate et de la fracture du pancréas qui ont été fatals à “ce bout de choux de 17 kilos”. Il n’a pas cru un instant au scénario d’une chute dans l’escalier inventé par Loïc Vantal et confirmé par Caroline Létoile. Les images du visage tuméfié de l’enfant circulent parmi les jurés. Comme la mère de Tony, Loic Vantal refuse de les voir. Il assiste à son procès mais il est ailleurs. Il reconnaît pourtant les faits qu’on lui reproche. La voix est détachée étrangement douce. Le visage rond et juvénile est en décalage absolu avec la violence inouïe dont cet homme de 25 ans a été capable. Les avocates de Caroline Létoile ont très vite indiqué leur ligne défense. Celle d’une jeune femme de 20 ans terrorisée par l’homme qui se serait plus ou moins imposé chez elle. Sa violence s’exercait sur l’enfant mais elle a muselé la mère par peur des représailles et parcequ’elle craignait qu’on lui retire son fils. A la la faillite de Caroline Létoile s’est ajoutée celle de l’entourage et des institutions. Ces silences occuperont une grande place dans la suite des débats.
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