Champagne glamour, fournisseur du Festival de Cannes et des Oscars, la maison Piper-Heidsick n’échappe pas pour autant à la grogne de la CGT. Sur les 120 salariés de l’entreprise, une bonne trentaine d’ouvriers ralentit la production depuis le mois de Novembre par de courts arrêts de travail. Et sans aucune ouverture du dialogue selon le syndicat qui pointe une dégradation préoccupante des conditions de travail et des salaires. La direction dément, elle affirme que des négociations sont en cours. Mais les frondeurs n’en brandissent pas moins la menace d’un blocage des prochaines vendanges. Semblable à celui qui leur avait valu une victoire syndicale historique en 2010.
« Burn out, pression, flicage… » les grands mots sont lâchés. A en croire le délégué CGT Olivier Gaudry , les ouvriers de Piper-Heidsick sont à bout. » Neuf personnes sont en arrêt de travail à la production, ça fait huit mois qu’on est en crise, qu’on tire la sonnette d’alarme, mais ça ne change rien. »
UN CHOC DES CULTURES
Pour le directeur vignoble de Piper Heidsick la vision de la CGT n’est pas celle d’une entreprise qui évolue. « La maison est en pleine mutation, dit Thierry Gomérieux, elle est en train de retrouver sa dynamique. Nous proposons un modèle d’organisation plus souple qui permet de répondre aux attentes de notre clientèle. » Quand il explique que la création de nouvelles fonctions de « managers de proximité « , avec de nouveaux coefficients, a permis d’augmenter une vingtaine d’ouvriers sur un effectif de 60, la CGT dénonce la récompense de ceux qui acceptent de rentrer dans le moule, et la pénalisation des autres. Les augmentations de salaires sont liées à la compétence pour le dirigeant. Elles provoquent ceux qui n’en bénéficient pas pour syndicaliste. Là où Olivier Gaudry prétend défendre les avantages acquis, Thierry Gomerieux voit un conservatisme néfaste à l’entreprise.
VENDANGE BLOQUÉE
La menace est clairement formulée. Sept salariés sur huit seraient prêts à cesser le travail à la cuverie quand les jus vont être livrés. Les CGTistes ont déjà fait preuve de leur détermination en bloquant la vendange en 2010. Le groupe Rémy Cointreau, alors aux commandes, avait annoncé un plan social qu’il a dû revoir à la baisse. Aujourd’hui Thierry Gomérieux joue l’apaisement. Les négociations ne sont pas interrompues . Damien Lafaurie, le président, rentre de l’étranger la semaine prochaine, il rencontrera les salariée. Et Piper-Heidsick, aux mains du groupe EPI, ne prévoit aucun plan social. Rien n’est pareil, donc…même si Olivier Gaudry voit un plan social déguisé dans cette stratégie qui consisterait à faire partir les anciens salariés, à les isoler. « Bloquer la vendange, je n’imaginais pas le revivre une deuxième fois », lâche le syndicaliste sans cacher son émotion. Mais tout peut encore changer. Les premiers coups de sécateurs sont annoncés pour la fin du mois d’août.