FEMMES BATTUES : UN BRACELET POUR VIVRE EN PAIX

« Je suis toute seule. S’il recommence, il est capable de me tuer.” La jeune femme reste étrangement calme. C’est peut-être le sentiment de se sentir enfin en sécurité. L’homme qui la frappait va désormais porter un BAR, un Bracelet Anti Rapprochement. S’il s’approche d’elle, la police est alertée pour intervenir dans les minutes qui suivent. C’est la deuxième fois que ce dispositif est mis en oeuvre à Reims pour protéger une femme battue

K un Stéfie* a 29 ans, elle est aide soignante en maison de retraite. Elle vivait jusqu’ici avec un homme qui fait le même métier qu’elle. Il est particulièrement violent. Elle est une femme battue.  Mais elle fait sobrement le récit  de leurs’´ quatre années de vie commune. “J’ai perdu deux fois connaissance. Au début il ne me touchait pas. La violence s’est installée petit à petit. Je suis restée avec lui par peur. Il me disait que je devais faire ma vie avec lui, que personne d’autre ne pourrait m’avoir.”

« CETTE FOIS IL A TOUT CASSÉ »

La dernière fois il s’est déchaîné. Heureusement un voisin est venu au secours de la jeune femme. La police est arrivée rapidement. “Je me suis sauvée pour ma fille.” Comme sa maman, le fillette de 9 ans parait très calme. “Je crois qu’elle décompresse à l’école en fait. ” Elle est très bonne élève mais plutôt agitée d’après ce qui disent les enseignants. C’est la cinquième  fois que Stefie porte plainte, après quatre classements sans suite. Mais cette fois elle a été prise en charge au commissariat de Reims par la permanence du MARS. Cette association a pour vocation d’accompagner les victimes.

La jeune femme est par ailleurs assistée par une avocate.

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Elle est ainsi passée à l’UMJ, l’Unité Médico Judiciaire où les blessures ont été évaluées. Ce constat a permis au Juge des Libertés et de la Détention de se faire une idée avant de prendre sa décision. L’agresseur est placé sous contrôle judiciaire. Avec l’accord de Stéfie, le juge a pu ordonner la pose d’un bracelet anti rapprochement, un BAR, sur son ex conjoint. En raison de son contrôle judiciaire l’agresseur n’a pas d’autre choix que d’accepter la pose du BAR. Les violences seront  jugée devant le Tribunal Correctionnel en Juillet prochain.  Le bracelet ne pourra pas être  posé avant  24 heures,  mais Stefie est équipée sur le champ d’un TGD, téléphone grave danger.

A PEU PRÈS RASSURÉE

Un seul clic suffit à alerter le service de téléassistance. Les forces de l’ordre sont immédiatement mobilisées si elle se sent menacée. “Le bip pour moi et le bracelet pour lui demain. D’ici là, je suis à moitié rassurée. J’ai une amie qui habite pas loin, mais il est capable de tout casser.” Finalement tout s’est bien passé. Le bracelet a trouvé sa place autour de la cheville du conjoint violent. Outre son TGD, la jeune femme dispose d’un boîtier qui la géolocalise en permanence, tout comme son ancien compagnon . Ce qui doit empêcher tout rapprochement. D’ici le procès, dans deux mois et demi, Stéfie et sa fille auront peut-être retrouvé leur sérénité.

La juridiction de Reims dispose de 3 Bracelets Anti Rapprochement pour protéger les femmes battues. Celui qui vient d’être posé est le second depuis la mise en place de ce dispositif il y a 6 mois.

*Le prénom a été changé

Monique Derrien

Reporter puis grand reporter à Radio France de 1987 à 2016. Prix du Grand Reportage de Radio France. Chronique judiciaire régulière et assidue des petits et grands procés : Chanal, Heaulme, Fourniret. Attention soutenue sur les audiences et faits de société et sur la politique, un peu. Parce qu'ils disent presque tout du monde qui nous entoure. Intérêt marqué pour la culture, la gastronomie et le champagne. Celui qui se boit et celui qui a su si bien se vendre jusqu'ici.

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