Le procès de l’assassin d’Hélène Kahn s’est conclu à Reims sur une condamnation à 25 ans de réclusion criminelle. La fille d’Annick Gauthier a été poignardée par celui qu’elle voulait quitter alors qu’elle s’occupait des chevaux de son centre équestre de Trigny. Déçue par le verdict (le procureur avait requis une peine plus lourde) sa mère avait annoncé qu’elle renonçait au combat qu’elle menait depuis des mois contre les féminicides aux côtés des familles touchées par ce drame. Mais le découragement s’est vite dissipé. Annick Gauthier continuera à se battre avec l’Union Nationale des Familles de Féminicides qu’elle a rejoint après le décès de sa fille de 28 ans. L’association a dénombré 137 victimes pour cette année. Les mesures du grenelle des violences conjugales vont dans le sens des attentes de l’UNFF, même si tout n’est pas parfait. Forte de sa dramatique expérience, Annick Gauthier salue les avancée du dispositif, non sans amertume. “Avec les moyens annoncés on aurait pu sauver Hélène. » Le gouvernement annonce notamment une formation ciblée des forces de l’ordre ainsi qu’une grille d’évaluation des dangers. Car si la plainte d’Hélène Kahn a été classée sans suite, c’est que le gendarme qui l’a reçue à Gueux, n’a pas mesuré la gravité de ce qu’elle lui a rapporté. L’entrée par effraction de son assassin Yannick Durand avait été précédée d’une intrusion qui lui avait permis d’épier la jeune femme pendant des heures à son insu. La plainte a été classée sans suite parce que cet homme n’est pas apparu comme dangereux quand il a été entendu, malgré ce comportement inquiétant et en dépit de ses antécédents psychiatriques qu’il n’a évidemment pas signalé. “Il aurait suffi de vérifier son téléphone portable pour s’apercevoir qu’il suivait Hélène à la trace de manière obsessionnelle” commente Annick Gauthier
Mère et fille
La prise en compte de la notion d’emprise, telle qu’elle est désormais préconisée, aurait par ailleurs alerté un enquêteur averti. “Nous mêmes n’avions pas décelé cette emprise qu’il avait sur Hélène. Elle n’était plus la même mais on a tout mis sur le compte du démarrage du centre équestre qui n’était pas facile. Et puis il n’était pas violent. Mais le mal était bien là. S’il avait porté un bracelet antirapprochement qui fait biper un boîtier quand l’homme ne reste pas à distance, on n’en serait pas là.” En Espagne, c’est en partie ce dispositif qui a fait baisser le nombre des féminicides. En France le projet de loi qui devrait être voté pour le bracelet anti rapprochement suppose l’accord du suspect (au grand dam de l’UNFF) avant sa mise en place, et on en prévoit mille ici …contre 22000 là bas ! Ce qui fait dire aux associations féministes que le budget de 360 millions annoncé par le gouvernement pour la lutte contre les violences faites aux femme est très insuffisant. Mais même si tout n’est pas parfait dans le panel des mesures qui viennent d’être annoncées, Annick Gauthier veut y croire. Elle rappelle la saisie des armes à feu, la déchéance parentale des hommes violents qui auront le mérite de limiter les risques , mais aussi de contribuer à stigmatiser leur comportement. La prévention mise en place dès l’école contre les pratiques violentes des hommes n’aura pas d’effets immédiats mais elle aura le mérite de changer les mentalités. “S’attaquer aux hommes machistes, et aux femmes machistes – il y en a beaucoup– c’est primordial.”