Eloi-An n’a pas survécu au coup de couteau qu’il a reçu dans la tempe. Il était en classe de quatrième au Collège Saint Joseph de Reims, comme celui qui l’a frappé. Le procès se déroule à huis clos devant le tribunal pour enfants de Reims. Le prévenu avait 14 ans quand il a porté ce coup fatal.
Son couteau Opinel était déjà déplié quand il a fait face à Éloi-An. Il avait même mis un gant pour se protéger sa main droite de sa lame acérée. La préméditation de ce crime n’a pas été retenue. L’ancien élève du Collège Saint Joseph de Reims est donc jugé pour meurtre. Mais les parents d’Eloi-An continuent à qualifier les faits d’assassinat.
UNE EXPLICATION SANS LES MOTS
Le 2 Juin 2021, leur fils s’est effondré quelques secondes après ce face à face. La lame a pénétré la boîte crânienne, sans qu’une parole soit prononcée. Eloi-An s’est éteint après 12 semaines de coma. Les détails de la scène de crime sont parfaitement connus, parce que tout a été filmé. Il y avait eu une première bagarre entre les deux élèves dans l’enceinte du collège, dont Eloi-An. Est sorti gagnant. Le perdant n’a pas voulu en rester là. Un rendez-vous a été fixé le mercredi suivant, après les cours, dans une petite rue du centre ville de Reims, pas très loin du Collège Saint Joseph où ils étaient scolarisés en quatrième. Ils avaient le même âge. Les détails de la scène de crime sont parfaitement connus, parce que tout a été filmé. Lire ici Un collégien tué à Reims
DU HAPPY SLAPPING À LA MORT
Et comme le prescrit un rituel aujourd’hui bien codifié chez les ados, il fallait un public, c’est-à-dire quelques camarades de classe. Il fallait aussi que tout soit filmé sur un portable pour une diffusion sur les réseaux sociaux. Mais ce «happy slapping» (l’expression désigne une agression filmée pour s’en moquer) a très vite tourné au drame. Il revient au tribunal d’évaluer les intentions, les motivations et peut-être le mal-être de celui qu’il juge. Ses parents l’avaient inscrit au Collège Saint Joseph en espérant améliorer le parcours de leur enfant qui se sentait harcelé depuis l’enfance. Après son arrivée dans cet établissement privé, à la rentrée de Septembre, il était toujours resté à l’écart.
NE PAS DÉRESPONSABILISER
Aurait-on pu éviter ce drame ? La mère d’Eloi-An écarte cette hypothèse. « Parce que, dit -elle, ça déresponsabiliserait l’acte, parce que l’acte ne tiendrait pas à la personnalité de l’accusé. Et ça, profondément je ne le crois pas. Est-ce que quelqu’un aurait pu faire quelque chose, est-ce qu’on aurait pu aboutir à une autre issue ? On ne le saura jamais.» Et elle ajoute : « Il parle peu.» La veille, le père d’Eloi-Ann avait regretté que les parents de celui qu’on juge n’aient jamais cherché à leur parler, même quand l’occasion leur en a été donnée. «Normalement les parents auraient dû nous dire des mots qui auraient pu nous apaiser. On n’a pas eu le droit à ça. On leur en veut beaucoup. »
UNE EXIGENCE DE FERMETÉ
« Nous avons beaucoup pleuré » dit la mère d’Eloi-An après une première journée d’audience. Mais elle se dit rassurée sur le fait que tout sera bien pris examiné. Elle salue le travail des enquêteurs et de la justice. «Je dois entendre cette condamnation, être sûre que tout a été pris en compte. » Le collégien est détenu depuis plus d’un an. Son avocate a formulé trois demandes de transfert dans un centre de rétention pour mineurs. Elles ont été refusées. Il risque 20 ans d’emprisonnement. C’est ce que souhaitent les parties civiles, dont la sœur de la victime, qui a été adoptée comme lui.
L’association qui soutient la famille pour la mémoire d’Eloi-An affirme ,quant à elle, qu’une peine légère serait très mal reçue par ses camarades.
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