Les trois “décrocheurs” ont écopé d’amendes de 250 euros avec sursis. Ils ont fait intrusion dans la mairie de Taissy il y a un an pour s’emparer du portrait d’Emmanuel Macron. Leur avocat a plaidé la relaxe au nom de la liberté d’expression. Un mois plus tard, le Tribunal Correctionnel de Reims a opté pour un jugement de clémence. Mais il a condamné le “vol en réunion”, même si l’audience a tourné au procès très politique de l’inaction climatique.
Ils ont fait ce que beaucoup d’autres membres du collectif ANV COP 21 ont fait avant eux. Une centaine de portraits officiels ont été décrochés en France et certains des auteurs ont été relaxés. L’objectif est bien d’alerter sur un danger imminent et ignoré selon ces militants : celui du réchauffement climatique. Enseignants, éducateur spécialisé, les prévenus qui ont comparu à Reims ne sont pas des délinquants. Ils revendiquent les faits qu’on leur reproche comme des actes citoyens.
UNE FORME DE DÉSESPOIR
« Mais n’y a-t-il pas d’autres moyens d’agir »se demande le Procureur de la République ? “Oui, certainement répond une des prévenus. Mais le pouvoir est sourd et je ressentais une urgence. Les marches et les manifestations ne suffisent plus” dit-elle encore, allant jusqu’à évoquer une forme de désespoir. Lire aussi : La Malchimie Xavier Capet , océanographe imminent, est cité comme témoin. Le chercheur au CNRS décrit en scientifique la gravité alarmante du changement climatique. Marie Toussaint, juriste et eurodéputée écologiste, témoigne après lui pour se dire honorée de soutenir ceux qu’on juge. “Ils ont pris des risques, dit-elle, pour faire changer les choses.” Elle pointe un dérèglement climatique dont les pays ne prennent pas la mesure. Elle rappelle que Laurent Fabius pleurait d’émotion en 2001 quand il a signé les accords de Paris…qui ne sont pas respectés. “Ne condamnez pas ceux qui ont agi pour que la planète ne soit pas condamnée” dit-elle.
LE VOL N’EST PAS UNE LIBERTÉ D’EXPRESSION
L’avocat Simon Miravete, qui défend les prévenus, insiste à son tour sur le caractère symbolique de leur action. Il rappelle que les Femen ont été plusieurs fois relaxées du délit d’exhibition sexuelle au nom de la liberté d’expression. Il revendique cette liberté pour ses clients. Mais le réquisitoire du Procureur Pedro Teixeira a été très ferme sur les principes : « Lorsque la politique entre dans les prétoires, c’est la justice qui en sort /…/ Il n’y a rien de voltairien dans cette action. Depuis quand le vol peut-il constituer une liberté d’expression ? Ils avaient un éventail de moyens plus appropriés et plus efficaces. Le droit de propriété ne peut pas être écarté d’un revers de main”. Les amendes de 500 euros qu’il réclame ont été diminuées de moitié et assorties du sursis par le Tribunal. Ils devront aussi payer 29,95 euros de dommages et intérêt à la mairie de Taissy