Au Tribunal Correctionnel de Reims, l’audience de ce vendredi était entièrement dédiée aux violences conjugales ou extra conjugales. Une quinzaine d’affaires ont été jugées dans la journée, comme une sorte de livre ouvert sur ces histoires de couples qui dérapent, ce qui peut arriver, jusqu’à ce que l’homme en vienne aux mains, ce qui est inacceptable. « Une première fois, un accident qui ne se reproduira plus ». Tous les prévenus veulent en convaincre le Tribunal. Mais ce que disent les statistiques, c’est que la plupart des femmes qui finissente par mourir sous les coups -une femme tous les trois jours en France- ces femmes là ont d’abord été des femmes battues, régulièrement battues.
« JE NE SUIS PAS QUELQU’UN DE VIOLENT »
C’est la litanie de cette audience. « Je ne l’ai pas poussée pour la faire tomber, c’est elle qui a perdu l’équilibre, c’est quelqu’un de colérique. » Ou encore : « La séparation s’est mal passée…Aprés deux mois de vie commune ponctue le Président Pascal Préhaubert…Je n’ai jamais été violent sauf cette fois parce qu’elle m’a poussée à bout ». « Elle ne voulait pas que je voie mon fils » dit un autre qui a saisi son ex à la gorge aprés avoir fracassé la porte son appartement. « Je ne l’ai jamais frappée, ça n’existe pas « . Juste avant cedéni catégorique le Président du Tribunal a évoqué les faits, en des termes pourtant peu offensants : » Votre épouse était, selon le médecin, en trés mauvais état…on va le dire comme ca. » Quand son mari dit qu’il ne la bat pas, cette mère de famille soutient le contraire à la barre, ajoutant qu’elle a mis beaucoup de temps avant de quitter son appartement pour se réfugier dans un foyer avec ses trois enfants.
LES COUPS ET L’AMOUR
Beaucoup de victimes ne sont pas venues, peut-être être pour ne pas revivre leur cauchemar, à moins qu’elles ne soient dans le regret d’avoir porté l’affaire devant la justice, tant il est vrai que les histoires de femmes battues commencent par des histoires d’amour. C’est toute la difficulté du traitement de ces dossiers. Une des victimes de cette audience a d’ailleurs fini par édulcorer sa plainte. Au fil de ses réquisitoires Doriane Trombi rappelle aussi que « la justice n’est pas là pour briser les couples, et qu’il s’agit juste d’éviter que ça ne recommence. » Mais elle insiste aussi sur les chiffres. « En France on ne lapide pas les femmes adultères, mais on les frappe beaucoup trop. Les violences faites aux femmes constituent une part trés importantes des atteintes à la personnes. A Reims elles justifient chaque année 150 condamnations. »