- La récente Assemblée Générale du Syndicat des Vignerons a révélé les grandes lignes d’une campagne de communication sur l’appellation champagne que le président du SGV, Maxime Toubart, avait annoncé il y a un an. Elle est confiée à l’agence GAD pour un coût de 4 millions d’euros par an pendant 3 ans, soit 12 millions. Ce qui signifie pour l’ensemble des vignerons champenois un doublement, ou presque, de leur cotisation qui passe de 1,5 à 2,9 euros pour 100 kilos de raisin. Contrairement aux souhaits de Maxime Toubart, cette campagne ne sera pas co financée par l’Union des Maisons de Champagne, en tous cas pour la première année.
La réunion annoncée entre les représentants des 2 instances interviendra quand la machine sera déjà lancée. Pierre Emmanuel Taittinger se dit pourtant favorable, et de longue date, à ce que les vignerons et les maisons parlent d’une même voix pour promouvoir l’appellation champagne. Le patron d’une des plus belles maisons de l’UMC déplore que les grandes marques, à l’exception de la sienne, jouent la carte de leur nom avant celle de l’appellation champagne, qui devrait se concevoir, selon Pierre Taittinger, comme la plus prestigieuses des marques.
POURQUOI CE BLOCAGE AU SEIN DU NÉGOCE ?
La réponse est peut être dans un passé trop récent quand la Champagne, très affectée par la crise pétrolière des années 70, a choisi la voie d’une publicité « collective » pour relancer la consommation. Démarche couronnée de succès pour tous, mais surtout pour les premiers prix. Voilà donc la crainte du négoce. Puisque ce que l’on comprend de la campagne de l’agence GAD, c’est qu’elle veut augmenter le volume des ventes de champagne. Répondant ainsi à une demande des vignerons qui ont en effet toutes les raisons de s’inquiéter de la perte de marché des champagnes de propriétaires. Le SGV se devait effectivement de réagir à une situation alarmante. (Lire par ailleurs « Champagnes de vignerons : quelques millions pour booster les ventes « )
VENDRE PLUS OU PLUS CHER
« Le champagne réservé à toutes les occasions », est bien un slogan porteur à destination des « millénials » de 25/40 ans que les vignerons veulent conquérir sur de nouveaux moments de consommation moins guindés, plus décontractés. Un champagne à 15 euros plutôt qu’un vin, voilà ce qui est suggéré…non sans risque. Aucune marque n’étant mentionnée, le consommateur qui reçoit ce message pourrait bien courir dans les grandes surfaces pour s’approvisionner en champagne, mais le moins cher qu’il puisse trouver. C’est exactement ce que redoute le négoce, lui qui d’année en année a su hisser le chiffre d’affaire du champagne jusqu’à des records insolents….mais en tablant sur la valeur des bouteilles plutôt que sur les volumes, et de préférence à l’étranger. (Lire par ailleurs : « Le champagne de vigneron se vend mal, ou très bien selon les cas »). Bien plus qu’une stratégie publicitaire, la campagne de communication du SGV sur le seul territoire national est donc un véritable défi. On souhaite que le talent et le savoir faire des experts de l’agence GAD parviennent à le relever en modifiant radicalement les habitudes de consommations des jeunes français, en leur apprenant finalement à boire du champagne comme on sait si bien le faire en Champagne : à chaque bon moment. Pourquoi pas ?