Les blidas sont des petits godets de verre épais et résistants, traditionnellement utilisés pour servir le champagne sans façon, à l’heure du casse-croûte des vendangeurs. Il fallait penser à les associer au lancement d’une nouvelle marque de champagne. EPC l’a fait, pour prescrire et revendiquer une consommation décomplexée du roi des vins. Ce blida résume en réalité une démarche marketing particulièrement futée de la toute jeune marque en direction des fameux “millennials”, les 25-40 ans, pour promouvoir un champagne élaboré comme il se doit, et en toute transparence. Trois ans après le lancement d’EPC (comme «épicurien») on vérifie que start-up et champagne font très bon ménage.
“Ce qui m’a intéressé c’est d’aider des jeunes qui ont une vision totalement différente de la profession et de voir ce que ça pouvait donner.” Hervé Augustin, fait partie de ces dirigeants qui, dans les pas de leurs ancêtres, écrivent inlassablement l’histoire de la Champagne. Le nom de ce notable rémois est associé aux marques prestigieuses qu’il a dirigées, comme De Castellane, ou Ayala. Son nœud papillon ne correspond pas vraiment aux codes vestimentaires de ceux que les fondateurs d’EPC veulent séduire.
“Ils s’adressent à une clientèle tout à fait nouvelle, qui n’a pas les codes du champagne, qui voudrait savoir, mieux consommer, et surtout d’une façon très décontractée. Ils démocratisent les occasions de boire du champagne et ils sont capables en même temps, d’entrer sur la cartes de restaurants prestigieux. J’ai trouvé chez eux une telle envie d’entreprendre que j’ai eu envie de les aider.” Aux côtés d’une vingtaine d’actionnaires, Hervé Augustin s’est donc engagé, modestement dit-il, pour soutenir les fondateurs de la toute jeune marque de champagne.
UNE ÉQUIPE DE CHOC
Edouard Roy, 30 ans, est entrepreneur dans l’âme (à droite de l’image ci-dessus). Il est fils et petit-fils de vignerons champenois, adhérents d’une coopérative à Bethon dans la Côte des Blancs. A 48 ans, Jérôme Queige (au centre) fait figure de doyen après un parcours professionnel chez Feuillatte ou Jacquard. Camille Jullien (à gauche) a quitté la Suisse, le marketing et la grande consommation de Procter et Gamble, pour les rejoindre. Voilà donc l’équipe de choc qui en 3 ans a réussi deux levées de fonds pour un montant qui dépasse les 5 millions d’euros. Stéphane Baschiera, ex PDG de Moët et Chandon a fait prospérer des noms aussi prestigieux que Ruinart ou Dom Pérignon. Ce qui ne l’empêche pas de s’impliquer dans l’aventure novatrice d’EPC. Parce qu’elle bouscule les codes sans oublier de “faire appel à l’âme des gens”. Il a décidé de nous aider, quasiment au quotidien commente Camille Jullien, parce qu’il croit beaucoup en notre projet. D’autres partenaires de la marque ont une grande expertise digitale, associée à une très bonne connaissance de la dynamique des des start-up. C’est ce qui explique la grande agilité du champagne EPC, notamment dans le lancement d’évènements ciblés en direction d’un public nouveau, plus jeune…sans négliger la tradition
LE SAVOIR FAIRE DES VIGNERONS
“Plutôt que de cantonner les vignerons dans un rôle de livreur de raisins au négoce, ce qui représente 80% des volumes en champagne, nous remettons le savoir-faire dans leur mains, explique Camille Jullien. La gamme d’EPC fait évoluer ses éditions limitées en permanence. Chacune de nos cuvées est élaborée de A à Z par un vigneron ou un groupe de vignerons, sous le contrôle du chef de cave Richard Dailly. Après une période de défiance pour notre nouvelle marque, ce renouveau les séduit. Il fait aujourd’hui leur fierté. Franck Pascal , David Faivre se sont déja engagés. Et ils sont de plus en plus nombreux à nous solliciter parce que ce partenariat diversifie leur clientèle. Cette valorisation amortit les outils de production existants, elle nous évite d’investir dans de nouveaux équipements. Nos producteurs sont évidemment à Bethon pour les blancs de blancs, mais aussi à Avize pour les grands crus, ou à Ville-sur-Arce pour les blancs de noirs.» Les cuvées du champagne EPC sont le plus souvent des monocépage, 100% chardonnay ou 100% pinot noir. S’y ajoutent deux cuvées de « bruts sans année », des assemblages donc.
UN MARKETING ÉPROUVÉ
Mais dans tous les cas, la contre étiquette de la bouteille est une véritable carte d’identité. Elle raconte tout de l’origine du vin, de ses cépages, du dosage de sa liqueur d’expédition. «Nous on s’adresse à la fois aux personnes qui s’y connaissent, parce que la qualité est là, mais aussi à ceux qui s’y connaissent moins parce qu’on veut que tout le monde puisse comprendre.» Une pastille vire au bleu quand la bouteille atteint la température idéale de consommation. Mais c’est surtout le désign de la bouteille qui affiche sa rupture avec le champagne de papa. Ce parti pris ne sort pas de nulle part. « On a voulu apporter de la modernité, mais sans casser la boutique ou dévaloriser le produit. Chez Procter et Gamble, dit Camille Julien, j’avais la culture de l’institut de sondage. Notre avis ne vaut rien, seul celui du consommateur compte. Nous avons transposé avec nos petits moyens. Pour avoir des retours sur le désign des bouteilles on est allé sur les quais du métro et on demandait aux gens de choisir entre trois propositions, en quelques secondes, juste avant l’arrivée de la rame.» Ce parti pris de modernité fonctionne. La marque a fait le choix d’une distribution sélective, cafés hotels restaurants, et entreprises. Elle propose des étiquettes personnalisées par un logo ou un message. Malgré le Covid, EPC a réussi à se développer en France mais aussi à l’étranger. Le chiffre d’affaires a doublé chaque année depuis le lancement de la marque
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