Alors que la candidate du Front National fait une campagne conquérante pour le deuxième tour des présidentielles, les hommages à Brahim Bouarram se multiplient. Ce marocain a été poussé dans la Seine où il s’est noyé non loin du Pont du Carrousel à Paris. C’était en marge de la traditionelle manifestation du FN il y a 22 ans. A cette commémoration il faudrait ajouter celle de la mort de François Chenu survenue 7 ans plus tard. Car les liens entre ces deux drames sont plus étroits qu’il n’y paraît.
Une semaine après la mort de Brahim Bouarram, Mickael Fréminet a été interpellé au domicile de ses parents dans une petite maison qui borde les vignobles champenois du Craon de Ludes. Il avait activement participé à l’organisation de la manifestation du Front National, charriant les cartons de bière et toute la dialectique qui sied à ce genre d’évènement. Dix huit ans à peine, un visage d’ange, il n’en est pas moins l’auteur principal de la ratonnade qui a couté la vie à Brahim Bouarram. Devant la Cour d’Assises de Paris, Maître Solange Doumic en fait un enfant sans malice, victime malgré lui de mauvaises influences. Magistralement défendu il s’en tire avec une peine de 8 années de réclusion criminelle.
LA BÊTE IMONDE A LA VIE DURE
A l’énoncé du verdict il se penchera d’ailleurs vers son avocate pour l’embrasser, comme pour convaincre les jurés et le public qu’elle avait eu raison, que la mort de Brahim Bouarram n’était qu’un très malheureux faux pas dans sa jeune vie. Mais c’était faire preuve d’angélisme. Même s’il est vrai que dans l’assassinat de François Chenu, 7 ans après Brahim Bouarram, Mickaël Freminet n’accompagne pas les 3 criminels qui ont tabassé le jeune homme de 30 ans. Ils l’ont frappé jusqu’à la mort parce qu’il était homosexuel.Ils avaient décidés de « se faire un pédé » faute d’avoir pu se « faire un arabe ». Ce soir là Mickaël Fréminet n’était pas avec eux au Parc Leo Lagrange de Reims. Mais, plus qu’une relation des assassins, plus que le petit ami de la sœur de l’un d’entre eux, il était bel et bien le modèle de ces trois là. Il les avait connus dans un de ces camps néo-nazis qu’il continuait à fréquenter. Les parents de François Chenu ont eu la force d’entrer en contact, aprés le procès, avec les auteurs de l’expédition punitive qui a couté la vie à leur fils. Le plus jeune d’entre eux s’est montré réceptif à cette démarche. Il a refait sa vie depuis sa sortie de prison. Peut être n’est il plus habité par le mal.