Émotion palpable dans la salle d’audience
Deuxième jour d’un procés d’Assises éprouvant. Il a fait si chaud que les magistrats ont du retirer leur robe. Les jurés en sont à plus de 22 heures de débats depuis lundi matin, les faits dont ils ont à juger sont innommables : l’assassinat à coups de pioche d’un homme de 24 ans. Julien Thevenet a été tué dans le garage de son pavillon de Somme Suipppe en Janvier 2014. Sophie Richard, la mère de sa petite fille de 4 ans, est dans le box des accusé. Elle jugée pour complicité aux côtés de son amant, Sebastien Chantereau. C’est lui qui a frappé, il ne le nie pas. La nuit est tombée depuis longtemps, il est vingt et une heure, tout le monde est épuisé. Mais c’est là, maintenant que les parents ont enfin le droit de prendre la parole. Et tout d’un coup au Palais de Justice de Reims, le temps s’arrête
JE VAIS VOUS PARLER DE MON FILS
La mère de Julien Thevenet s’avance vers la barre sans faiblir. Elle est rongée par le malheur, fragile comme un fétu de paille, mais sa voix ne fléchit pas. « Julien est l’aîné de mes trois enfants. Il aimait les avions, il est devenu mécanicien sur la Base Aérienne de Saint Dizier pour les avions Rafale. Il était heureux. Il a rencontré Sophie Richard en Avril 2011, et tout à changé. Elle l’a mis sous son emprise, comme une secte, comme un gourou. Je le lui disais mais il ne voulait pas m’entendre. On a accepté parce qu’on ne voulait pas le perdre. Elle avait un relation malsaine avec l’argent, elle détenait la carte bleue du couple, elle faisait des remarques à Julien quand il offrait une glace à sa sœur. Sophie c’est l’argent, l’argent, l’argent …et l’autorité ». Elle parle, elle parle cette mère blessée, elle se dresse sur la pointe des pieds pour mieux se faire entendre. Elle décrit une belle fille perpétuellement contrariée- « parce que je suis comme ça, je n’aime pas les gens »- et un fils tétanisé comme un petit garçon. « Il ne me parlait que pendant ses trajets, par téléphone. En 2 ans et demi je l’ai vu changer. Elle manque d’hygiène, il est devenu sale. Elle l’a isolé petit à petit, elle est très forte. Et puis tout d’un coup en Janvier 2014 il a tout compris, il s’est réveillé, il a tout déballé. Nous étions heureux. Il lui a annoncé qu’il allait divorcer mais elle avait déjà échaffaudé son plan. « Quand Julien a été assassiné, ajoute son père entre les larmes, ma femme a dit « elle l’a tué ». On a tout de suite compris avant les enquêteurs. Mais on voulait se persuader qu’on se trompait. Elle n’a pas eu un mot ni pour Julien ni pour nous quand on est arrivé. Le froid, le vide, rien. Elle ne voulait pas qu’on l’enterre chez nous a Draguigan. Mais quand j’ai dit que je payais les obsèques, elle a tout de suite accepté »
UNE COUR D’ASSISES PÉTRIFIÉE
Les jurés s’imprègnent de chacun de ces mots sans oser respirer. Deux jours qu’il essaient de se faire leur conviction, dans cette audience qui s’enlise, sur l’implication de Sophie Richard dans ce crime atroce. A-t-elle tiré le corps de son mari dans le garage aprés l’avoir drogué pour qu’il s’endorme ? L’a-t-elle étouffé quand il s’est réveillé, en lui enfonçant un sac plastique dans la bouche ? L’a-t-elle maintenu pour que son amant puisse frapper plus facilement ? A-t-elle voulu sa mort pour bénéficier du pactole de son assurance ? Sans doute ont-ils déjà la certitude que la personnalité de Sophie Richard est toxique, même s’il ne l’ont pas appris de la bouche des experts psychologue ou psychiatre. Elle qui a pu appeler son amant, dès que Julien Thevenet s’est effondré sous l’effet des barbituriques, pour qu’il vienne faire le travail. Elle qui a pu simuler un cambriolage aprés le crime. Elle qui a pu laisser des messages sur le portable de son mari alors qu’il était mort, en feignant de prendre de ses nouvelles. Elle qui a pu partir à Eurodysney avec Sebastien Chantereau, et ses deux jeunes enfants dont la fille de Julien Thevenet. La fillette est aujourdhui confiée à ses grands parents maternels. Ils ont tenu à ce qu’elle continue à voir sa mère et ses grands parents malgré les circonstances, pour lui permettre de se reconstruire. 800 KM pour leur conduire la petite Aurélie aujourd’hui âgée de 4 ans. Ils l’ont fait pendants 6 mois . Mais l’assistante sociale à dû mettre fin à ces rencontres, parce que le comportement de sa famille champenoise laissait à désirer. « Et en entendant ce que j’entends des faits aujourdhui, dans cette enceinte, rien ne me rassure. Dans le pavillon de Somme-Suippes le lit de ma petite fille létait à deux mètres derrière un mur qui laissait tout passer, je l’ai constaté en bricolant là-bas avec mon fils . Alors ?… Qu’a-t-elle vraiment entendu ? »