Trois hommes ont jusqu’ici porté plainte. Ils décrivent des abus sexuels sur mineurs par un prêtre . Mais les faits sont prescrits. Des poursuites pourraient être engagées s’il y avait eu viol. Le SRPJ poursuit son enquête.
Les faits ont été révélés il y a trois semaines dans les colonnes du quotidien l’UNION par un ancien scout de Reims. Ils remonteraient à la fin des années 90. Au cours d’une conférence de presse le Procureur de la République de Reims a indiqué qu’il en a été informé pour la première fois par deux courriels le 21 Octobre dernier. Matthieu Bourrette a par ailleurs annoncé un dossier complexe « tant sur le plan factuel que juridique »
ATTOUCHEMENTS PÉDOPHILES
Deux hommes ont ainsi porté plainte auprès du procureur pour des attouchements non consentis . Ces anciens scouts ont par ailleurs affirmé que plusieurs autres garçons avaient été victimes du prêtre qu’ils accusent. Matthieu Bourrette disait s’attendre à d’autres dénonciations après la médiatisation de ces faits. Jusqu’ici trois victimes, dont les deux premiers dénonciateurs, ont été entendues par le SRPJ de Reims en charge de l’enquête. Leurs trois plaintes font état de gestes particulièrement traumatisants, et très choquants de la part d’un prêtre. Ce sont des délits réprimés par la loi. Mais il est trop tard pour que des poursuites soient engagées contre leur auteur. La prescription de ces agressions sexuelles, qui sont des délits, s’applique en effet vingt ans après la majorité des victimes. Les faits décrits par ces trois anciens scouts n’étaient pourtant pas un secret.
UN QUART DE SIÈCLE
Beaucoup de familles avaient été informées par leurs enfants du comportement alarmant de ce prêtre. Les premiers signalements remontent à 1999. Les bains nocturnes, la nudité imposée, les attouchements ont eu cours pendant plus d’un quart de siècle. Ils ont incité certains à se détourner du scoutisme et même de la religion. Mais il n’y a jamais eu de sanction. L’Église autant que les familles ne voulaient pas affronter cette réalité. L’archevêque aujourd’hui en charge du diocèse de Reims a été nommé dans la ville des sacres en Août 2018. Eric de Moulins-Beaufort a très rapidement souhaité rencontrer Matthieu Bourrette après les révélations publiques des victimes.
UNE TRANSPARENCE MISE À MAL
Celui qui est aussi le président de la Conférence des Évêques de France a tenu à “transmetttre un certain nombre de pièces faisant état de très nombreux éléments factuels” indique le Procureur de la République. Mais Matthieu Bourrette dément fermement les affirmations du prélat selon lesquelles le Parquet de Reims aurait été saisi de ces faits il y a deux ans. En 2019 des accusations de la part d’anciens scouts avaient effectivement ressurgi. Mais la commission Sauvé n’avait pas encore révélé l’ampleur des pratiques pédophiles dans l’Eglise… et leurs centaines de milliers de victimes depuis 1950. Le prêtre des scouts de Reims a été déchargé de toute fonction sacerdotale. Il est depuis affecté à la gestion des archives de l’Archevêché.