Jeanne-Marie Desramault avait 22 ans. Elle était en première année de BTS au Lycée Sévigné de Charleville Mézières. Le 9 Juillet 1987 une religieuse du couvent des Bernardines, où elle était hébergée, l’a déposée à la gare comme chaque samedi pour qu’elle rejoigne ses parents à Béthune. Elle n’est jamais arrivée à destination. L’examen de cet assassinat par la Cour d’Assises des Ardennes a restitué les manoeuvres, la préméditation, la perversité diabolique du couple Fourniret. Et, une fois encore, la douleur intacte des proches de la victime 20 ans après.
”Jeanne Marie, mon enfant… Que la justice les punisse !” La voix s’étrangle dans les sanglots. Son épouse n’a pas survécu au chagrin. C’est la nièce d’Henry Desramault qui pousse le fauteuil du vieil homme. Il a 87 ans. Il est épuisé. “J’avais peur, dit-elle, qu’on ne puisse pas le garder en vie jusqu’à aujourd’hui. Il est bourré de médicaments. Depuis la disparition de Jeanne Marie, il est l’ombre de lui même.” Il a dû attendre 15 ans, peu après les aveux de Monique Olivier, pour apprendre les circonstances de la mort de sa fille. Le corps de Jeanne-Marie a été retrouvé dans les terres du Château de Sautou, une ancienne propriété des Fourniret. “J’étais la plus jeune de la famille dit encore sa cousine. J’ai fait des tas de recherches. On a pensé à une secte. Jeanne-Marie avait le cœur ouvert. Elle était joyeuse. Je ne dirais pas un mot aux coupables, surtout pas à Madame Fourniret. Elle n’est pas digne d’être mère. Ils ont fait tant de peine à toutes ces familles. Jeanne-Marie avait 22 ans. Ils l’ont revue plusieurs fois avant d’avoir sa confiance. Qu’est ce qu’elle a dit au dernier moment de sa vie ? A-t-elle appelé son père qu’elle aimait tant ? Je veux le savoir, mais je ne le saurai pas, parce que Monsieur Fourniret ne veut pas parler. C’est un meurtrier, et en plus il est lâche.”
Ce matin là, avant l’ouverture de l’audience, les familles ont offert un bouquet de roses blanches au père de Jeanne-Marie.