Michel Fourniret était seul quand il a tenté d’enlever Marie. Il a été interpellé très vite à partir du numéro d’immatriculation de sa voiture, à Gedinne en Belgique. C’est là qu’il vivait avec Monique Olivier et leur fils Selim. Il a résisté aux interrogatoires des policiers belges pendant un an, en minimisant la gravité de ses actes. Il espérait être libéré après quelques mois et les policiers Belges ont fait semblant d’y croire, mais sans lâcher la pression sur Monique Olivier qui n’était pas détenue. En Juin 2004, après un an de persévérance le récit qu’elle leur a livré, d’heure en heure, a dépassé tout ce qu’ils avaient pu imaginer.
Les aveux de Monique Olivier en Juin 2004 ont fait l’effet d’une bombe. Ils étaient en réalité le résultat de l’inépuisable obstination des enquêteurs belges. 110 auditions pour Michel Fourniret, 120 pour sa complice, dont certaines pouvaient durer jusqu’à 7 heures d’horloge, parfois sous hypnose ou détecteur de mensonge. A quoi se sont ajoutés les parloirs sur écoute. Les policiers belges étaient convaincus que Michel Fourniret avait bien plus que l’enlèvement raté de Marie sur la conscience. Alors ils ont mis la pression, encore et encore, jusqu’à ce que Monique Olivier craque et leur livre peu à peu le terrible tableau de chasse de son mari. « Pourquoi fallait-il attendre un an et 120 interrogatoires pour parler ? « , demande une des parties civiles. « Quand il m’a annoncé qu’il allait bientôt sortir, je n’avais pas envie de le revoir. On était bien sans lui avec Selim ». Selim, leur fils alors âgé de 16 ans. »Et pour les victimes? »souffle un avocat. »Oui, les victimes aussi ! C’était un tout. » Embarrassée, Monique Olivier, comme elle le sera plus tard pour convaincre les jurés que le pacte diabolique qu’elle a conclu avec Michel Fourniret n’était qu’un jeu. Elle s’engageait à lui livrer des jeunes filles vierges à déflorer contre l’assassinat de son ex mari qui aurait été violent avec elle. Catherine Beauret, la policière belge qui a épluché la correspondance du couple, se dit persuadée qu’elle ne savait pas, à cette époque, que ses victimes devraient mourir après le viol. Mais elle ajoute qu’elle n’ignorait rien de ce qui attendait Isabelle Laville quand le couple l’a enlevée à Auxerre en 1987. Et Monique Olivier ne la dément pas : » À son retour de chasse il annonçait qu’il avait repéré un beau petit sujet, une membrane sur patte », encore appelée MSP dans le langage codé du couple. « Avec le recul, ajoute Monique Olivier, je pense que je savais qu’il allait faire ce qu’il disait. »