Michel Fourniret était aussi capable de tuer pour de l’argent. Au point d’abuser de la confiance d’un codétenu en tuant sa compagne pour s’approprier le magot du fameux “Gang des Postiches”. Le couple Fourniret sera jugé dans quelques jours à Versailles pour ce crime crapuleux. Le procès de Charleville en a dévoilé la perfidie avec la déposition haute en couleur d’un braqueur professionnel extrait de sa cellule pour la circonstance.
Il a les mots et la gueule de ce qu’il est : un vrai truand. Jean Pierre Hellegouarch aurait fait merveille dans un film d’Audiard. Et quand il parle, la salle jubile comme au cinéma. “Les Fourniret, je déplore qu’on les traite comme des people du crime. Ce sont des scélérats qui ne m’inspirent que de l’abjection.” Dans les années 80, Jean Pierre Hellegouarch a croisé Michel Fourniret, déjà poursuivi pour des affaires de moeurs, à Fleury Mérogis. Et c’est dans cette même cellule qu’il avait appris, par un ancien du fameux “Gang des Postiches”, l’existence d’un magot dormant sous une tombe dans un cimetière du Val d’Oise. “A un moment de mon existence, raconte Hellegouarch à la barre, il y a eu pour moi nécessité de récupérer une certaine somme d’argent. Il n’y avait pas grand chose à faire, juste un trou à creuser pour retrouver 80kg d’or.” Mission confiée, contre une part du magot, à Michel Fourniret, puisqu’il a fini de purger sa peine. La compagne d’Hellegouarch, Farida Hamiche, va servir d’intermédiaire. Elle en mourra. Pour garder tout le trésor, Michel Fourniret la tue par étranglement puis à coups de baïonnette, à moins que ces coups de grâce ne soient l’oeuvre de Monique Olivier. Elle le nie farouchement, mais il insiste, il s’énerve, il l’insulte en hurlant et on comprend que les journées à venir seront celles des règlements de comptes. Ce qui est sûr, c’est qu’après cet assassinat, les Fourniret feront semblant de s’inquiéter de la disparition de Farida, multipliant les visites à Hellegouarch au parloir, assistant par ailleurs la famille de la jeune femme dans les recherches de la disparue. Hellegouarch accepte même d’être le parrain de leur fils Selim.trésor Quant au «trésor des postiches » il sera bien vite reconverti en voitures, en travaux et en bien immobiliers, dont le fameux Château de Sautou près de la frontière belge. Hellegouarch a mis des années avant de comprendre mais sa plainte a été classée sans suite en 1999. “Et il a continué à tuer des petites filles. S’il n’a pas voulu dire jusqu’à présent où est le corps de Farida, c’est parce qu’il craignait qu’on y découvre des marques de sévices sexuels.” Face à lui Michel Fourniret promet de participer aux recherches du corps pour peu qu’on lui fournisse un hélicoptère. Et il regrette d’avoir trahi ce braqueur qu’il prétend respecter…sans vraiment le convaincre : “les détails tu te les garde, tu retourne là-bas, tu te pends…et tout le monde sera content.”
