Michel Fourniret, on le sait, a refusé de s’exprimer devant la Cour d’Assises des Ardennes. Mais des enregistrements filmés de ses auditions par les enquêteurs belges seront diffusés à plusieurs reprises. La maîtrise de ces policiers l’amène à s’exprimer sans retenue, et sans doute plus librement qu’il ne l’aurait fait à l’audience. Sidérant.
De cette plongée dans l’effroyable logique de Michel Fourniret, on ne ressort pas indemne. Il faut le voir théoriser sur la quête de la virginité, qui n’est finalement qu’un symbole, il en convient volontiers. “La raison me force à dire que ce n’est qu’un corps à posséder, mais tant que je n’aurai pas percé cette membrane je n’aurai pas réalisé cette rencontre.” “Des petites filles devaient-elles mourir pour ça?” demande le policier. Fourniret élude, et il enchaîne. “Quand Monique Olivier a parlé aux enquêteurs, elle a bien fait. Je suis content d’être en prison.” “En prison vous êtes à l’abri de vous même” ponctue encore le policier.
Et voilà Fourniret, presque sans transition, pleurant sur la mort de sa sœur de 63 ans…et sur la terrible déception d’une première épouse qui n’est pas arrivée vierge au mariage alors qu’il avait toutes les raisons de penser qu’elle l’était.
Il était à l’époque le meilleur contremaître de son usine,c’est ce qu’il affirme, il surpassait tout le monde comme il avait été le plus brillant des écoliers. Et pourtant, le grand Fourniret d’alors ne cessait de pleurer en silence, seul avec sa peine. Et quand on lui demande de se comparer au commun des mortels, il a tendance à penser que lui, en tout cas, ne fait pas les choses à moitié. “Je me condamne, mais j’ai au moins l’image d’une certaine honnêteté dans ma démarche.” Car s’agissant de ces réunions ou partouses, par exemple, il aurait été capable de tirer sur tous les participants, tant il méprise ces pratiques. “J’ai l’impression d’être propre par rapport à eux.” Et il en paraît persuadé.