Après les aveux de Monique Olivier, en 2004, les enquêteurs belges ont auditionné et filmé Michel Fourniret pendant de longues heures sans jamais laisser paraître leur dégoût. Cette attention très neutre, très professionnelle, a permis de produire d’incroyables images à l’audience, en particulier sur l’enlèvement le viol et la mort d’Elisabeth Brichet.
Jambes croisées, appuyé, presque étendu sur la chaise, Michel Fourniret s’exprime face aux caméras avec un détachement hallucinant, comme s’il parlait de quelqu’un d’autre. “Je vois une jeune fille blonde dans le déclin de l’après midi -il parle d’Elisabeth- une distinction naturelle. Intuitivement je veux savoir où elle se rend. J’attends….je patiente le temps nécessaire. Un quart d’heure de plus et je serais parti.” Et après quelques secondes : “elle n’avait aucune chance de s’en sortir.”
La fillette est montée dans la voiture pour conduire le couple jusqu’au cabinet médical le plus proche. Le bébé sur le siège arrière -Selim qui venait de naître- était malade. Il fallait les aider.
Après une étape dans la maison de Floing, elle sera transportée par Monique Olivier dans un pavillon du Château de Sautou, pour y être sanglée sur un lit. Et pour que son mari puisse la violer, Monique Olivier se charge de la toilette intime de la fillette qui venait d’entrer dans la puberté. Elisabeth crie, contractée de tout son être pour exprimer son refus au point de mettre son violeur en échec. “Elle dit : vous allez m’étouffer, pour quelle raison ? Je vois ses yeux. Il y a nécessité de faire taire ce regard. La mission d’un combattant n’est pas de se rendre mais de vaincre.” “Vous regardez vos mains qui serrent ?” demande le policier d’une voix égale. “C’est une situation à laquelle je dois mettre fin sans y croire vraiment.” “Et après ?”
Après il y a le congélateur et quelques jours plus tard, l’enfouissement juste à côté. “ Là,commente Michel Fourniret, je me retrouve seul face au technicien que je suis. C’est le rationnel qui parle.”
