Pouvait-on faire souffrir les familles des victimes plus encore qu’elle n’avaient
souffert ? Condamné à la perpétuité avant même l’ouverture du procès de Charleville, Michel Fourniret n’a pas pu se priver du bonheur de cette ultime perversion. Il n’a pas parlé, sauf pour dire qu’il ne parlerait qu’à huis clos, ou bien encore pour asséner le commentaire verbeux qui devrait évidemment passer à la postérité.
Provoquer Michel Fourniret pour qu’il parle, c’est devenu un sport et tous les acteurs du procès s’y sont essayéS. Une fois déjà, il est sorti de son mutisme quand l’avocat général Francis Nachbar lui a rappelé le plaisir qu’il avait pu trouver à porter le corps inanimé d’Isabelle Laville. Atteint sans doute dans sa fierté de mâle, il avait qualifié l’hypothèse de grotesque. Mais au moins avait-on entendu le son de sa voix.
Cette fois, c’est l’avocat de la famille Desramault qui s’y colle, en s’adressant à Monique Olivier. “La dernière vision que vous avez eue de Jeanne Marie, lance Didier Seban, c’est Michel Fourniret caressant sa poitrine pendant plusieurs minutes alors qu’elle était déjà morte. Et vous avez dit : « en général il fait ça pour avoir une érection. Il avait déja fait ça avec la jeune fille de Mourmelon » (Isabelle Laville). Des attouchements sur des jeunes filles mortes, c’est ça qui vous excite MIchel Fourniret ?”
Mais cette fois il ne craque pas. C’est en silence qu’il hausse les épaules, les yeux levés au ciel. Mais il peut aussi agiter les bras en un battement d’aile, un peu plus tard, pour ponctuer une intervention de Françis Nachbar. L’avocat général vient de lui rappeler qu’il a comparé son couple à deux radeaux à la dérive devant le juge d’instruction. Les Fourniret n’en ont pas moins poursuivi leurs noirs desseins. Les débats qui suivent seront consacrés aux fins tragiques de quatre autres victimes connues du couple. Mais chacun sait qu’il y en a eu d’autres et que l’histoire judiciaire des Fourniret ne s’arrêtera pas à Charleville- Mézières